J’ai choisi Les couleurs de l’espoir un peu au hasard après en avoir lu le
résumé et les critiques plutôt élogieuses . J’ai connu mieux, j’ai connu pire.
Dorrie est noire, elle a une trentaine
d’années, élève seule son fils et gagne sa vie grâce à son salon de coiffure ;
Isabelle est blanche, elle est à la veille de ses quatre-vingt-dix ans et a
perdu son mari et son unique enfant il y a plusieurs années. Au fil des shampoings et des
mises en plis, une certaine amitié s’est développée entre la coiffeuse et sa
cliente. Tant et si bien qu’un jour la vieille dame demande à Dorrie de l’accompagner à un
enterrement à Cincinnati. Ce roadtrip de quelques jours sera l’occasion pour la
jeune femme de mieux connaître Isabelle et de découvrir que dans les années 40,
alors qu’elle n’avait que 16 ans, elle tomba éperdument amoureuse
de Robert, un homme noir. En pleine ségrégation, l’affaire n’est pas simple. La
famille d’Isabelle condamne radicalement cet amour de jeunesse, et celle de
Robert ne sait que trop bien ce qu’il advient des noirs qui osent porter leur
regard sur une blanche. Mais que faire d’autre face à un amour de cette force
que de croire en l’impossible ?
Inspirée de faits réels basés sur
la vie de la grand-mère de Julie Kibler, l’histoire est en elle-même assez
classique : un amour impossible entre une blanche et un noir à une époque
où tout l’interdit. Il
y a certes tous les ingrédients d’un bon roman. Les souvenirs de la nonagénaire et les réflexions existentielles de Dorrie donnent du rythme à la lecture,
le suspens plane sur l’issue de l’idylle entre Robert et Isabelle, et l’époque à
laquelle se déroule les faits pourrait donner du relief au récit.
Mais il a fallu que j’atteigne le milieu de
ce livre pour enfin m’y accrocher un peu. J’ai trouvé tout cela un peu mièvre et hormis
quelques passages qui, je dois en convenir, m’ont mis la larme à l’œil (ce qui n’est pas
très compliqué lorsque l’on connaît mes capacités lacrymales), je me suis
ennuyée. J’aurais aimé une écriture plus abrupte, plus écorchée, à l’image de
ce qu’a subi (et ce que subit encore) la population noire-américaine. Les
personnages sont un peu caricaturaux et tout est cousu de fil blanc. On est
bien loin de La couleur des sentiments de Kathryn Stockett que j’avais beaucoup aimé ou dans un style différent, de La confession de John Grisham (à lire
absolument si ça n’est déjà fait).
Réservez donc La couleur de l’espoir pour l’un de ces moments où vous aurez envie
d’un livre facile et pas désagréable, mais n’en attendez rien d’autre.
Vagabondage
Quand l'on
évoque la ségrégation, une chanson me revient systématiquement dans la tête. Strange Fruit fut écrit en 1937 par Abel
Meeropol et parle des lynchages infligés aux Afro-Américains dans le Sud des
Etats unis. Qui d’autre pour l’interpréter que l’immense Billie Holiday ?
Sa voix nous prend aux tripes jusqu’à voir devant nous ce Strange fruit, cet homme noir pendu à un arbre, torturé, brûlé vif.
Magnifique et poignant.
La
couleur de l’espoir, de Julie Kibler. Paru aux édition Belfond en 2014. Traduit
de l’américain par Maud Ortalda. Format poche 8€- Format numérique 12,99€.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous souhaitez recevoir une notification de réponse à votre commentaire? Pensez à cliquer sur "s'abonner par email".