Inconditionnels
de Downton Abbey (et non Downtown comme indiqué sur la couverture...), vous pensiez tout
savoir sur la vie des domestiques dans l’Angleterre du début de XXème siècle ? Détrompez-vous ! Avec Les
tribulations d’un cuisinière anglaise, Margaret Powell nous fait découvrir
une vérité, sa vérité, quelque peu différente de celle livrée dans la désormais
célèbre série anglaise.
Nous
sommes en 1920. Margaret, une toute jeune fille, une adolescente dirait-on
aujourd’hui, rêve de devenir institutrice. Issue d’un milieu
modeste, elle doit toutefois revoir ses plans et subvenir rapidement à ses
besoins afin de venir en aide à sa famille. C’est ainsi que, fortement poussée
par sa mère, Margaret entre en condition. N’ayant aucune prédisposition pour la couture, elle devient par défaut Fille de cuisine. Débute une vie de contraintes et de lourdes
privations. Les premières années, particulièrement, sont douloureuses. Malgré
un caractère bien trempé et une volonté de fer Margaret plie l’échine devant
des patrons exigeants, parfois, souvent, jusqu’à la bêtise. Voilà ce qu’écrit
notre cuisinière :
Je me
souviens d’une fois où j’étais entrain de briquer la porte d’entrée quand le
livreur de journaux est passé. Juste comme je m’apprêtais à les poser sur la
table du vestibule, Mrs Clydesdale est descendue ; alors…je lui ai tendu
les journaux. Elle m’a regardé comme si j’étais quelque chose de pas tout à
fait humain. Elle n’a pas prononcé un mot. Elle est juste restée là à me
regarder. Elle avait visiblement du mal à penser que quelqu’un comme moi
pouvait marcher et respirer. …. Finalement elle a articulé : Langley, vous
ne devez jamais, jamais, vous m’entendez, sous aucun prétexte, me tendre
quoique ce soit avec vos mains ; toujours sur un plateau d’argent.
On est loin de la Downton Abbey où Monsieur le Comte paie les dettes de ses femmes de chambres.
Question écriture, ne vous attendez pas à de la grande littérature. L’ancienne
cuisinière livre ses souvenirs à la volée dans un franc-parler libre et sincère. Les anecdotes s'enchainent, on compatit, on sourit, parfois on
rit, jaune, devant l’absurdité de certaines situations. Ce récit touchant par sa
simplicité nous brosse un tableau sans fioritures de ce qu’ont vécu pendant des
années ces femmes et ces hommes du sous-sol : les brimades, les humiliations,
l’exploitation, la misère, sans compter la concurrence entre domestiques. Même
dans les entrailles des grands maisons, la lutte des classes continue.
Les
tribulations d’une cuisinière anglaise est donc un récit à prendre
comme il vient, sans grandes attentes, mais qui remet les choses à leur juste
place.
Vagabondage :
Margaret Powell, c’est aussi un éclat de rire. Tant et si
bien qu’elle en a fait un disque. Attention aux tympans fragiles.
Les
tribulations d’une cuisinière anglaise, de Margaret Powell. Paru en 2014
aux éditions Payot et Rivages. Traduit de l’anglais par Hélène Hinfray. 8€ en
livre de poche.
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