vendredi 20 janvier 2012

Exposition Sempé : un peu de Paris et d’ailleurs

Fine mouche, j’ai choisi le premier samedi des soldes pour visiter cette exposition, espérant que les parisiens occupés à leurs emplettes, Sempé serait tout à moi. Malin ?  Une heure durant j’ai grelotté dans le froid sur le parvis de l’Hotel de ville… Mais la récompense était au bout de la file !

J’ai déjà eu l’occasion ici de vous dire combien j’apprécie le travail de Sempé. Cette exposition, la plus importante qui lui ait jamais été consacrée, n’a fait que renforcer mon admiration. Encre de chine, plume, aquarelle…, ce sont trois cent vingt dessins originaux qui nous sont présentés parmi les milliers qu’il a réalisés. Comme il le dit lui-même : Ce n'est pas une rétrospective, c'est un échantillon d'une production qui est incroyable. Pendant un peu plus d’une heure, j’ai été plongée dans un bain de jouvence, d’insouciance et de poésie. J’aurais pu y passer beaucoup plus longtemps tant chaque planche mérite que l’on s’y arrête pour capter les mille et un détails qui la constitue.


La force de Sempé c’est de rendre unique un personnage ordinaire et de l’isoler au sein d'une foule. Par exemple cette scène où l’agitation de la ville est à son comble. C’est l’heure de pointe, les passants courent on ne sait où, les automobiles dont on entend presque les coups de klaxon impatients encombrent les rues … et puis il y a cet homme, seul, devant une vitrine, fasciné par un bas enfilé sur une jambe de mannequin, comme si rien d’autre ne comptait pour lui, et qui devient le centre de la scène. Souhaite-t-il faire un cadeau à son épouse ? Est-ce un fétichiste ? Y voit-il le symbole d’une femme qu’il n’a pas ? Sempé  suggère sans trop en dire, pour laisser à chacun le choix de rêver sa propre histoire, et les sourires naissent sur toutes les lèvres.


L’on croise également grand nombre de personnages nés au cours des soixante années de carrière du dessinateur : Monsieur Sommer, Raoul Taburin, Marcellin Caillou, Catherine Certitude (personnage inspiré de sa propre fille) et, bien sûr, le Petit Nicolas qui a bercé l’enfance de beaucoup d’entre nous. Réjouissants également, ces dessins tirés de nombreux albums et qui mettent souvent en scène des solitaires perdus dans la modernité de la vie. On les aime tous, ces personnages. Ils sont simples, parfois ridicules, toujours attendrissants :   Je ne crois pas que je dessine beaucoup de gens condamnables, qui aient besoin d’excuses, dit l’artiste. Je ne les juge pas, ils vivent… Mes personnages sont des petites personnes, comme vous et moi, qui cherchent seulement à se débrouiller dans la vie. 

Enfin, une galerie entière est consacrée aux magnifiques Unes du New Yorker, journal prestigieux avec lequel il collabore depuis 1978. Très bonne idée que d’avoir mis en perspective le dessin original et la couverture réalisée.
Je me suis promenée dans cet univers à la Doisneau emprunt de nostalgie, le sourire aux lèvres, parfois, riant très franchement, partageant mes impressions avec mes voisins de parcours. Car chose incroyable, sans se connaître les gens se parlaient et échangeaient des sourires complices. Ca, c’est la magie Sempé ! Sûr que, si le dessinateur avait été présent dans un coin, il aurait pu saisir quelques scènes ou quelques idées propres à nourrir un prochain travail…

J’ai été gâteux très jeune en aimant les choses qui étaient déjà démodées : cela m’a donné de grandes joies dans la vie. J’aime bien mon époque, je ne suis pas contre le progrès mais j’aimerais que les choses soient à la fois plus faciles et moins organisées. J’aime le hasard. Entièrement d’accord avec vous Monsieur Sempé !

Vagabondage : 
Voici un Petit Nicolas vraiment craquant. A écouter sans modération. Quand il parle d'amour, ça donne ça : 


Sempé, un peu de Paris et d'ailleurs...": exposition gratuite à l'Hôtel de Ville de Paris, du 21 octobre 2011 au 11 février 2012, tous les jours, de 10H à 19H sauf dimanches et jours fériés).

10 commentaires:

  1. Ah le petit Nicolas, je l'aime toujours autant. A propos Misty, te souviens-tu de ce que tu faisais sur le web le 13 juin 2007 ?

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  2. Tu laissais un commentaire sur la dite vidéo du petit Nicolas sur www.babosa.fr Comme je te sais toujours soucieuse de big brother, sache que l'intégralité des commentaires va disparaitre à la fin du mois de janvier. La fin d'une époque...

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    1. Ca alors...Ca me rend presque triste que mes commentaires disparaissent ainsi! Tu ne veux pas les faire vivre encore un peu ?

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    2. A l'origine le service était totalement gratuit, je ne pensais pas avoir ce souci. Aussi, ça me rend triste aussi. En même temps, tout ce qui est numérique n'a pas vocation à être conservé éternellement non ?

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    3. Et bien justement pourquoi pas? Puisque la vie numérique nous envahit et se substitue aux livres, lettres et photos? Quoi de plus délicieux que de tomber sur quelques vieilles lettres reçues il y a quelques années et de les redécouvrir ? Si le numérique nous interdit cela je suis définitivement contre!

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  3. Marcellin Cailloux ! j'avais adoré ce livre ... tellement doux et poétique.
    Ûne expo certainement hors du temps, tu as bien fait de t'évader et ça donne envie aux autres.
    Kate

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    1. Merci Kate! C'est drôle, Marcellin Cailloux c'est justement le petit livre que j'ai acheté à la sortie de l'expo :-))

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  4. Hier, j'ai vu une "dame Sempé", frêle, un béret noir sur sa mise en plis, un gilet lavande et un filet à provisions dans une main, qui lançait du pain à un pigeon, rue Mouffetard. Elle m'a réprimandée parce que j'ai effrayé son pigeon en me dirigeant vers une boutique, et je lui ai dit de regagner illico son dessin. Non mais...

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    1. J'imagine que lorsqu'elle a vu tes petits bras musclés, elle n'a pas demandé son reste!

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