Avec deux expositions qui lui sont consacrées cet
automne à Paris, l’une au Musée Maillol et l’autre au Musée Jacquemart André, Canaletto
connaît une exceptionnelle mise en lumière. Soyons honnête, si j’avais déjà vu quelques uns de ses tableaux, je
n’en avais identifié ni l’auteur, ni le courant artistique dont il fait partie.
J’ai choisi le Musée Maillol pour découvrir cet artiste.
Petit cours de rattrapage donc, pour ceux qui sont
dans l’ignorance comme je l’étais.
Canaletto, peintre du XVIIIe siècle (1697–1768) commence une carrière de décorateur
au théâtre. La découverte de la peinture du védutiste Giovani Paolo Pannini le
décidera à changer son fusil d’épaule. Mais qu’est-ce que le védutisme me
demanderez-vous ? Ce courant naît en Hollande au XVIe siècle et prend
toute son ampleur au XVIIIe siècle, grâce au développement des « Grands tours », voyages entrepris
par de jeunes aristocrates européens pour parfaire leur éducation. Leur
itinéraire les mène de la France à la Grèce en passant par l’Italie. Comme
souvenirs de leurs fabuleuses escales, ils commandent des védutes c’est à dire des
vues panoramiques urbaines. Venise devient le centre de l’activité des védutistes
et Canaletto en est l’un des plus célèbres.

Ce qui m’a avant tout
marqué, c’est la lumière qui inonde les toiles. En digne héritier de ses prédécesseurs
de la Renaissance, Titien ou Véronèse, Canaletto maîtrise parfaitement les jeux
d’ombre et de clarté et donne ainsi encore plus de profondeur à ses
perspectives, renforcé par des couleurs chatoyantes.

Et l’on peut
rester des heures devant la même toile à scruter les centaines de détails qui
la constituent. Pour atteindre ce niveau de précision Canaletto utilise une
chambre optique qui lui permet d’obtenir l’équivalent d’une photo du lieu qu’il
souhaite peindre. C’est ainsi qu'il réplique ces perspectives
parfaites. Le fac-similé de l’appareil est exposé au public, permettant à chacun de mettre la tête à l’intérieur, comme le faisait Canaletto,
pour en apprécier l’efficacité.
J’ai trouvé que ces tableaux, bien que respectant
les règles académiques, étaient d’une incroyable modernité. J’ai même parfois pensé aux impressionnistes Cézanne
ou Gauguin, dans la représentation des personnages qui sont d'avantage esquissés que dessinés.
A ne pas manquer, l’exposition du carnet de croquis
du Maître qui donne une idée sur sa façon de travailler. Cet objet n’a été présenté qu’une seule fois en
dehors de l’Italie. C’était à Londres en 1990. C’est vous dire sa rareté .
Il a été numérisé permettant de le feuilleter facilement et de retrouver des
essais de perspectives ou de mises en scène du peintre. On y découvre les
annotations de ce dernier avec différentes indications telles les couleurs dont
il souhaitait habiller les maisons.
Une autre bonne idée est
d’avoir exposé des tableaux soumis au rayons X ce qui permet de voir la
chronologie de leur réalisation, mettant ainsi en exergue les retouches, voire
les changements radicaux !
Le seul bémol est que l’on apprend rien ou peu sur
la vie du peintre. J’aurais aimé en
savoir plus sur ses influences, son parcours… Les commentaires de l’audio-guide
se ressemblent au fil des tableaux et l’on ne voit pas vraiment d’évolution. Peut-être aurait il mieux valu effectuer la visite avec un guide.
Il ne me reste plus qu’une
chose à faire, prendre un billet pour Venise afin d’aller découvrir de mes
propres yeux la Sérénissime !
Vagabondage : En attendant de partir sur les traces de Canaletto,
je vous propose de voyager directement depuis votre canapé grâce aux sites de
visites virtuelles de Venise. Je vous en ai sélectionné deux qui donne
sacrément envie d’y aller.
OU là
Bon voyage J
Exposition Canaletto à Venise, au Musée Maillol, jusqu’au
10 février 2013. Entrée 11 euros + audio-guide 5 euros. Nocturne le vendredi
jusqu’à 21H30.
Je garde un beau souvenir de cette exposition, j ai aimée comme tu le souligne la luminosité des tableaux, cette envie de rentrer dans la scène qui se déroule sous nos yeux, avec pour certain de vrais moment de sérénité. Je pense qu'une visite avec un guide nous aurai sans doute mieux permit de découvrir l'artiste même si il semble que l'on ne sache pas grand chose de lui.
RépondreSupprimeren tout cas on en ressort avec une grande envie (re)découvrir Venise ! et,mais la je rêve, sans la horde de touristes qui l'envahisse tout au long de l'année ..
une belle exposition à faire sans hésiter !
Ah oui Venise en visite privée.....Cela restera un doux rêve.... Mais juste y aller serait déjà pas mal !
SupprimerJ'ai également découvert ces peintures, que j'ai effectivement trouvées d'une incroyable modernité lors de cette exposition. J'aime ce concept de scènes de théatre au travers de la toile, ces oeuvres respirent la vie et il semble que nous soyons d'avantage devant un court métrage de scènes de vie de la tourbillante Venise que devant une peinture figée. J'ai vraiment adoré, et je vais très vite complétée ce tour vénitien par l'expo à Jacquemart André.
RépondreSupprimerMerci pour cette retrospective fidèle de l'expo Misty.
Merci pour ton commentaire Leeloo. En effet l'expo Jacquemart André doit valoir le détour et nous permettra aussi d'apprécier les oeuvres de Guardi.
SupprimerTourbillonnante Venise donc ....
RépondreSupprimerVoilà qui donne envie d'aller au musée... en attendant Venise ! Ces tableaux sont enchanteurs, dans leur genre. On jurerait qu'il ne manque pas un bouton sur un habit (à l'aide d'une loupe, on doit bien pouvoir les compter...). Ce sont de fidèles reproductions, absolument séduisantes, les cartes postales des riches privilégiés de l'époque. Ces tableaux sont d'une somptuosité un peu froide, et il faut tout le génie de l'artiste, sa virtuosité, ainsi que la lumière si particulière qui baigne ses toiles pour que l'on dépasse le cadre du simple "calque". Car j'imagine que si la demande était forte, bien d'autres artistes ont dû se lancer dans ce type de production, dont l'oeuvre n'a pas survécu jusqu'à nous.
RépondreSupprimerQuel joli commentaire Lucie, et quelle bonne idée que celle de la loupe ! De quoi occuper les longues soirées d'hiver :-) Tu as raison, seuls quelques uns, les meilleurs donc, ont traversé les siècle et envoyé leur lumière jusqu'à nous.
SupprimerJ'ai manqué hélas cette expo, qui m'aurait rappelé sans doute avec bonheur un voyage passé à Venise...
RépondreSupprimerBonne journée et bonnes fêtes!
Merci Eimelle, à vous aussi:-) A bientôt.
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