dimanche 14 octobre 2012

Exposition Canaletto à Venise


Avec deux expositions qui lui sont consacrées cet automne à Paris, l’une au Musée Maillol et l’autre au Musée Jacquemart André, Canaletto connaît une exceptionnelle mise en lumière. Soyons honnête, si j’avais déjà vu quelques uns de ses tableaux, je n’en avais identifié ni l’auteur, ni le courant artistique dont il fait partie. J’ai choisi le Musée Maillol pour découvrir cet artiste.

Petit cours de rattrapage donc, pour ceux qui sont dans l’ignorance comme je l’étais. Canaletto, peintre du XVIIIe siècle (1697–1768) commence une carrière de décorateur au théâtre. La découverte de la peinture du védutiste Giovani Paolo Pannini le décidera à changer son fusil d’épaule. Mais qu’est-ce que le védutisme me demanderez-vous ? Ce courant naît en Hollande au XVIe siècle et prend toute son ampleur au XVIIIe siècle, grâce au développement des  « Grands tours », voyages entrepris par de jeunes aristocrates européens pour parfaire leur éducation. Leur itinéraire les mène de la France à la Grèce en passant par l’Italie. Comme souvenirs de leurs fabuleuses escales, ils commandent des védutes c’est à dire des vues panoramiques urbaines. Venise devient le centre de l’activité des védutistes et Canaletto en est l’un des plus célèbres.

Le musée Maillol expose, pour la première fois une rétrospective de cinquante œuvres vénitiennes du peintre, provenant des plus grands musées et de collections particulières.
Ce qui m’a avant tout marqué, c’est la lumière qui inonde les toiles. En digne héritier de ses prédécesseurs de la Renaissance, Titien ou Véronèse, Canaletto maîtrise parfaitement les jeux d’ombre et de clarté et donne ainsi encore plus de profondeur à ses perspectives, renforcé par des couleurs chatoyantes.


Le métier de décorateur a sans doute beaucoup influencé le peintre car ce sont de véritables scènes de théâtre qu’il reproduit dans ses tableaux. Telles des figurines de plombs qui viennent donner vie à un décor urbain réalisé avec une précision extrême, l’on découvre ici des gondoliers au milieu du Grand Canal, là des ecclésiastiques qui descendent des marches, là encore des marchands qui négocient leurs produits, des laveuses de linge…. On a qu’une envie c’est de rentrer dans les tableaux pour participer à la fête. 



Et l’on peut rester des heures devant la même toile à scruter les centaines de détails qui la constituent. Pour atteindre ce niveau de précision Canaletto utilise une chambre optique qui lui permet d’obtenir l’équivalent d’une photo du lieu qu’il souhaite peindre. C’est ainsi qu'il réplique ces perspectives parfaites. Le fac-similé de l’appareil est exposé au public, permettant à chacun de mettre la tête  à l’intérieur, comme le faisait Canaletto, pour en apprécier l’efficacité.

J’ai trouvé que ces tableaux, bien que respectant les règles académiques, étaient d’une incroyable modernité. J’ai même parfois pensé aux impressionnistes Cézanne ou Gauguin, dans la représentation des personnages qui sont d'avantage esquissés que dessinés.



A ne pas manquer, l’exposition du carnet de croquis du Maître qui donne une idée sur sa façon de travailler. Cet objet n’a été présenté qu’une seule fois en dehors de l’Italie. C’était à Londres en 1990. C’est vous dire sa rareté . Il a été numérisé permettant de le feuilleter facilement et de retrouver des essais de perspectives ou de mises en scène du peintre. On y découvre les annotations de ce dernier avec différentes indications telles les couleurs dont il souhaitait habiller les maisons.
Une autre bonne idée est d’avoir exposé des tableaux soumis au rayons X ce qui permet de voir la chronologie de leur réalisation, mettant ainsi en exergue les retouches, voire les changements radicaux !
  
Le seul bémol est que l’on apprend rien ou peu sur la vie du peintre. J’aurais aimé en savoir plus sur ses influences, son parcours… Les commentaires de l’audio-guide se ressemblent au fil des tableaux et l’on ne voit pas vraiment d’évolution. Peut-être aurait il mieux valu effectuer la visite avec un guide.

Il ne me reste plus qu’une chose à faire, prendre un billet pour Venise afin d’aller découvrir de mes propres yeux la Sérénissime !


Vagabondage : En attendant de partir sur les traces de Canaletto, je vous propose de voyager directement depuis votre canapé grâce aux sites de visites virtuelles de Venise. Je vous en ai sélectionné deux qui donne sacrément envie d’y aller.

OU

Bon voyage J



Exposition Canaletto à Venise, au Musée Maillol, jusqu’au 10 février 2013. Entrée 11 euros + audio-guide 5 euros. Nocturne le vendredi jusqu’à 21H30.

9 commentaires:

  1. Je garde un beau souvenir de cette exposition, j ai aimée comme tu le souligne la luminosité des tableaux, cette envie de rentrer dans la scène qui se déroule sous nos yeux, avec pour certain de vrais moment de sérénité. Je pense qu'une visite avec un guide nous aurai sans doute mieux permit de découvrir l'artiste même si il semble que l'on ne sache pas grand chose de lui.
    en tout cas on en ressort avec une grande envie (re)découvrir Venise ! et,mais la je rêve, sans la horde de touristes qui l'envahisse tout au long de l'année ..
    une belle exposition à faire sans hésiter !

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    1. Ah oui Venise en visite privée.....Cela restera un doux rêve.... Mais juste y aller serait déjà pas mal !

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  2. J'ai également découvert ces peintures, que j'ai effectivement trouvées d'une incroyable modernité lors de cette exposition. J'aime ce concept de scènes de théatre au travers de la toile, ces oeuvres respirent la vie et il semble que nous soyons d'avantage devant un court métrage de scènes de vie de la tourbillante Venise que devant une peinture figée. J'ai vraiment adoré, et je vais très vite complétée ce tour vénitien par l'expo à Jacquemart André.
    Merci pour cette retrospective fidèle de l'expo Misty.

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    1. Merci pour ton commentaire Leeloo. En effet l'expo Jacquemart André doit valoir le détour et nous permettra aussi d'apprécier les oeuvres de Guardi.

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  3. Tourbillonnante Venise donc ....

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  4. Voilà qui donne envie d'aller au musée... en attendant Venise ! Ces tableaux sont enchanteurs, dans leur genre. On jurerait qu'il ne manque pas un bouton sur un habit (à l'aide d'une loupe, on doit bien pouvoir les compter...). Ce sont de fidèles reproductions, absolument séduisantes, les cartes postales des riches privilégiés de l'époque. Ces tableaux sont d'une somptuosité un peu froide, et il faut tout le génie de l'artiste, sa virtuosité, ainsi que la lumière si particulière qui baigne ses toiles pour que l'on dépasse le cadre du simple "calque". Car j'imagine que si la demande était forte, bien d'autres artistes ont dû se lancer dans ce type de production, dont l'oeuvre n'a pas survécu jusqu'à nous.

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    1. Quel joli commentaire Lucie, et quelle bonne idée que celle de la loupe ! De quoi occuper les longues soirées d'hiver :-) Tu as raison, seuls quelques uns, les meilleurs donc, ont traversé les siècle et envoyé leur lumière jusqu'à nous.

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  5. J'ai manqué hélas cette expo, qui m'aurait rappelé sans doute avec bonheur un voyage passé à Venise...
    Bonne journée et bonnes fêtes!

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