samedi 6 avril 2013

La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi (Rachel Joyce)


Je suis restée très partagée sur ce livre et j’ai beau réfléchir je ne parviens pas à me décider entre « un bon roman de vacances » ou « une lecture sans grand intérêt ». Bien que salué par la critique outre-manche, je n’ai trouvé là, ni grande littérature, ni histoire exceptionnelle.
Harold Fry est un homme ordinaire. Récemment retraité, il mène une existence monotone, réglée comme du papier à musique. Depuis longtemps, les liens avec son épouse Maureen se sont distendus et ils vivent côte à côte, comme deux étrangers. Un jour, Harold reçoit une lettre d’une de ses anciennes collègues, Queeny Hennessy, dont il n'a pas eu de nouvelles depuis vingt ans. Elle lui annonce que ses jours sont comptés. Un cancer en phase terminal lui retire peu à peu la vie. Tel un lapin pris dans les phares d’une voiture, Harold ne sait comment réagir et, après moult tergiversations, se décide à griffonner quelques mots de compassion sur une page blanche. Arrivé devant une boite aux lettres pour poster son courrier, il décide de poursuivre jusqu’à la suivante. Après tout, c’est une belle journée de printemps qui prête à la promenade. Peu à peu, de boites aux lettres en boites aux lettres il marche quelques kilomètres, jusqu’à ce que germe dans son esprit l’idée d’aller remettre son courrier en mains propres à Queeny. Rien de bien exceptionnel si ce n'est qu'elle se trouve dans un hôpital à l’autre bout de l’Angleterre, et que c'est à pied qu'Harold décide d'entreprendre ce périple. C’est ainsi qu'il va parcourir près de mille kilomètres en chaussures bateau !

Cette histoire c’est celle d’un anti-héro qui entreprend un chemin de croix, un pèlerinage. Au fur et à mesure de la progression d’Harold (ou devrais je dire de sa rédemption), on en apprend plus sur lui, sa relation avec sa femme, son fils, ses collègues et sur les fautes qu’il croit devoir expier. Peu à peu le portrait se fait plus précis, et pas forcément à son avantage. Il faut dire qu'il n'est pas tout blanc Harold Fry! Au début je l’ai trouvé sans odeur ni saveur, puis complètement stupide, inconscient, lâche, et c’est seulement à la fin que j’ai eu un peu de compassion. J'ai parfois eu l’impression d’avoir affaire à un pigeon de l’année, tant le personnage que Rachel Joice nous décrit est naïf. A croire qu’Harold a vécu bien longtemps dans un placard, sans aucune conscience du monde qui l’entourait. Il s’émerveille du moindre nuage dans le ciel et du plus petit brin d’herbe qui frémit au vent. Sa longue marche lui permet d’aller à la rencontre des autres, de se frotter à la société et de conclure que chacun a sa place dans notre vaste monde. Bien sûr il doit également faire face à quelques embûches et à certaines personnes mal intentionnées. Mais il pardonne tous les écarts, toutes les dérives. On aurait envie qu’il s’énerve un peu, qu’il s’indigne, et surtout qu’il se pardonne à lui-même ! Mais non, il ouvre ses bras à tous, tel le Christ et n’hésite pas à s’auto-flageller régulièrement, aussi bien psychologiquement que physiquement.  
C’est en cela que le livre ne m’a pas convaincue. Trop de bons sentiments à mon goût.

En revanche, j’ai trouvé la construction intéressante. Rachel Joyce est scénariste depuis vingt ans pour des séries radio sur la BBC et elle sait capter l’attention de ses auditeurs. D’ailleurs, avant d’être un roman, l’histoire d’Harold Fry a d’abord été un feuilleton radiophonique. Chaque chapitre est consacré à une rencontre entre deux ou trois personnages. Et au fil de l’eau, l’auteur glisse des indices sur la vie d’Harold et de Maureen, dont le mystère n’est levé qu’à la fin. Les faits et gestes de chacun prennent alors leur sens. Ainsi, bien que je n’aie pas complétement accroché à la philosophie du livre, je ne l’ai pas lâché. De plus la lecture est facile, ce qui en fait un bon moment de détente, sans prise de tête.



Vagabondage :
Ce premier roman de Rachel Joyce, basé sur le dépassement de soi, m’a fait penser à l’histoire de Dick Hoyt. Un homme hors du commun qui s’est surpassé pour réaliser le vœu de son fils lourdement handicapé de faire le triathlon d’Ironmen. Peut-être avez vous déjà eu l’occasion de voir cette vidéo car elle buzze actuellement sur la toile, mais pour toutes celles et ceux qui ne la connaissent pas, prenez quelques minutes pour la visionner. Une belle leçon d’amour et d’humanité.





La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry arriva le mardi, de Rachel Joyce. Paru aux éditions Xo. 19,90€



7 commentaires:

  1. Merci Misty ! Je crois que ta critique me suffit, pas besoin de lire ce livre ... Mais le récit que tu en fait est très intéressant et certainement juste.
    En même temps tu aurais pu t'en douter : les éditions XO n'ont jamais faits dans la grande littérature mais plutôt, comme tu le dis, dans le facile à lire. Ce qu'ils font le mieux, à mon avis, ce sont les récits autobiographiques, les aventures comme "Latitude Zéro" de Mike Horn, un des meilleurs livres d'exploit que j'ai lu. Il est maintenant en pocket et je ne peux que t'encourager à le lire. Un dingue ce type !
    Bon week end !
    Kate

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    1. Tu as raison Kate...Xo fait dans le trés trés facile...mais tu m'as quand même donné envie de lire le récit de Mike Horn. Je vais tâcher de le télécharger sur ma kindle (oui j'ai une Kindle maintenant....pratique pour le RER mais moins sympa que le livre papier...)

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    2. J'ai un Kobo aussi depuis 1 an mais hélas très peu de livres ... Et pas de tarif Poche
      Et en plus ils devraient permettre de télécharger en librairie : soit tu achètes le livre papier soit la version électronique et le libraire touche son % !
      Mais bon la dématérialisation dans l'édition "c'est sale" ;-)
      En tout cas tu ne seras pas déçue avec Mike Horn, son aventure est incroyable en particulier dans la jungle amazonienne. INCROYABLE !

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    3. C'est vrai qu'il n'y a pas de grands avantages à acheter en version électronique...mais c'est surtout le côté pratique de pouvoir emmener sa Kindle partout..... Je te tiens au courant pour Mike Horn :-))

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  2. C'est fou le nombre de fautes que je fais quand j'écris depuis l'iPhone .,. J'ai honte ...

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  3. Ce bouquin ressemble à un gros muffin bourratif et mal cuit.

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    1. oui c'est ça...rien à voir avec tes délicieux Muffins bio :-)

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