dimanche 16 octobre 2011

Mary Ann en Automne (Armistead Maupin)

Voici comment Angelo Rinaldi de l’Académie Française parlait des Chroniques de San Francisco en  1998 : un livre délicieux, tendrement ironique, chaleureux, qui nous mène par le bout du sourire dans une cascade d’aventures toutes plus invraisemblables les unes que les autres… un régal.
J’ai commencé à lire, ou plutôt à dévorer Les Chroniques dès leur parution en France aux éditions Passage du marais, en 1998, soit vingt ans plus tard qu’aux Etats-Unis. Vendues à 30 millions d’exemplaires à travers le monde, dont 5 en France, c’est l’un des succès les plus retentissants de la littérature gay contemporaine.
J’attendais impatiemment la sortie de chaque nouveau volume qui promettait un moment de détente et de légèreté avec son lot d’histoires rocambolesques. Très vite, les personnages me sont devenus si familiers que j’en parlais comme de bons amis.


Du temps a passé depuis la dernière saison des Chroniques. En ouvrant ce huitième tome, j’étais donc impatiente de prendre des nouvelles de vieilles connaissances. Babycake (Mary Ann) a 57 ans, un cancer de l’utérus et revient à Barbary Lane après 20 ans d’absence pour se faire opérer. Elle y est accueillie par son ami de toujours, Mouse (Mickael), qui, à 60 ans, est porteur depuis plusieurs années du HIV. Tous deux vivent avec leurs interrogations et leurs désillusions : Mary Ann est une femme blessée, trompée par son époux, et Mickael vit dans la crainte que Ben, son jeune mari, le quitte un jour ou l’autre.
Pas bien drôle me direz-vous. Certes, on rit moins franchement qu’autrefois. Mais l’on est si content de retrouver tous ceux qui nous ont fait partager leurs aventures lors des épisodes précédents. Et si l’intrigue en fil rouge est quelque peu extravagante (ce que j’aime chez Maupin), c’est surtout l’évolution de la relation entre les personnages à laquelle on s’attache : Mary-Ann va-t-elle réussir à se faire pardonner sa trop longue absence de San Francisco ? Retissera-t-elle des relations privilégiées avec Mickael ? Saura-t-elle renouer des liens avec Madame Madrigal qui, à 80 ans, est toujours aussi fascinante ?

Le ton a changé, il est moins léger, plus mélancolique, et c’est ce qui fait que l’on est bien en automne et rend ce livre émouvant. Car, comme nous, les personnages ont vieilli, ils sont devenus plus matures et moins insouciants. La peur de l’avenir et la nostalgie des années passées transpirent à travers Mickael (personnage auquel, à l’évidence, Maupin s’identifie). À quand la prochaine réunion de famille, et sait-on seulement s’il y en aura une ?

Je me suis enroulée dans ce livre comme dans une vieille couverture bien douillette et dont le parfum, familier, est rassurant. Rassurant parce que, pour reprendre le titre de l’avant dernier tome des Chroniques : Mickael Tolliver est vivant. Et tous ceux qui nous ont accompagné au long de ces Chroniques avec lui le sont aussi : Shawna, Dorothea, … Ils sont vaillants, fidèles au poste. Je me suis sentie réchauffée, entourée, comme Mary-Ann par ces vieux amis. C’est un hymne à l’amitié, dans la lignée du Déclin de l’Empire Américain de Denis Arcand.

Fidèles des Chroniques, ce livre vous tend les bras. Les autres, je vous envie, car vous avez encore tout à découvrir en vous plongeant dans les premiers tomes. Quelle chance !


Vagabondage :
En discutant avec une amoureuse de littérature, Maxime, nous avons remarqué que nombre d’auteurs possèdent des sites attractifs. En voici quelques-uns que j’aimerais partager avec vous :

Sur le site d’Armistead Maupin vous trouverez tout sur Les chroniques de San Francisco : les livres, la série TV, la comédie musicale; et de nombreux liens dont un vers Google map qui vous montrera tous les lieux de la ville mentionnés au cours des huit volumes. 

Alexander Mac Call Smith, l’auteur de The N°1 woman agency nous propose quant à lui un site haut en couleur, à l’image de ses romans et de son héroïne fétiche Precious Ramotswe. 
On a le choix entre le site américain et le site anglais qui sont très différents. A préférence va cent fois au site anglais, beaucoup plus ludique et interactif.

Un petit dernier ? Faites un tour sur le site de Lian Hearn, auteur entre autre du Clan des Ottori. Un site aussi intéressant qu’élégant. On comprend mieux ce qui a inspiré cette amoureuse du Japon, et l’on apprend même comment prononcer les noms des héros du Pays du Milieu (dans la rubrique extra).


Mary-Ann en automne, aux éditions l’Oliver. Date de parution, mai 2011. Traduction Michelle Albaret Maatsch

4 commentaires:

  1. De San Fransisco, on connait la baie, les rues pentues, le Golden Gate, mais il y a un autre monument à ne pas négliger : ses Chroniques.
    Je suis une fan d'Armistead Maupin, et même si ce dernier volume n'atteint pas les sommets fantaisistes des précédents, c'est un bonheur de lecture. On y retrouve la petite musique familière de l'auteur et tous ses personnages qui sont devenus, tu as raison, Misty, des amis. Les deux romans qu'a écrit Maupin entre le septième volume des Chroniques et Mary Ann en automne étaient à mon goût moins réussis. Tout comme la tentative d'Alexander McCall Smith de l'imiter avec les "Chroniques d'Édimbourg" n'était pas vraiment à sa hauteur.

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  2. Et oui Maxime, Maupin est inégalable. J'espère vraiment qu'il y aura un prochain tome, et longue vie à Madame Madrigal!

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  3. Dernier tome en STAND BY dans ma bibliothèque :-) Après ces quelques lignes,suis impatiente de me replonger dans Barbary Lane ! Comme j'ai bien fait d'attendre la saison couette,thé,feu de cheminée qui crepite et ce ciel de soirée orange propre à l'automne ! Merci Misty pour les sites à découvrir

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  4. @Leeloo : Lire Mary Anne en automne...en automne, c'est le nec plus ultra! je reconnais bien là ton bon goût.

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