La délicatesse (David Foenkinos)

C’est un fait, parmi mes lectures habituelles, peu d’auteurs français contemporains. Les Ana Gavalda, Amélie Nothomb et autre Marc Levy ne m’emballent ni par leur style, ni par les histoires qu’ils choisissent de raconter. J’en avais presque fait mon deuil quand je me suis plongée dans les pages de La délicatesse.de David Foenkinos. Un livre qui porte bien son nom et me fait dire que la langue française a encore quelques beaux jours devant elle...

L’héroïne, Nathalie, est une jeune femme aussi belle qu’intelligente, à qui tout réussit. Au détour d’une rue (au sens propre), elle rencontre François. C’est le début d’un amour absolu, idéal, insouciant, indestructible. Ils se marient et les années filent sans qu’aucune ombre au tableau ne vienne ternir leur bonheur. Mais  tout s’écroule lorsque soudain François meurt d’un accident. Une séparation brutale et cruelle, de celle dont on pense qu’on ne se remettra jamais.

Comment renaître et recommencer à aimer lorsque l’on a perdu sa raison d’exister ? David Foenkinos traite du sujet avec tact et légèreté, sans jamais tomber dans le pathétisme. Il utilise le point de vue de chaque personnage pour nous permettre de mieux les comprendre. Chacun va aider les autres à se révéler dans ce qu’ils ont de meilleur ou de moins bon. Le prétendant de Nathalie, Markus, tout en contraste, est particulièrement touchant : vulnérable mais volontaire, timide mais drôle, pourvu d’un physique ingrat mais doté d’une belle âme.

Nombre de critiques ont qualifié ce huitième livre de Foenkinos de « drôle ». J’avoue que ça n’est pas le terme qui me vient à l’esprit. Souvent j’ai eu le sourire aux lèvres mais de là à me tenir les cotes… Je dirais plutôt qu’il s’agit d’un roman « décalé », tout en finesse et en subtilité. Les courts intermèdes qui ponctuent le récit, en particulier, m’ont beaucoup plu. Ils dévoilent un détail du chapitre précédent (un code de porte, les paroles d’une chanson qui passe à la radio, la recette d’un plat dégusté par les personnages….) dessinant des moments de vie qui rendent l’histoire concrète de manière originale. Il en va de même pour les notes en fin de page, dans lesquelles l’auteur nous livre ses réflexions. Par exemple, sa vision du prénom Nathalie lorsqu’il l’énonce pour la première fois : Il y a souvent une nette tendance à la nostalgie chez les Nathalie.

L’écriture est simple, directe, sans fioritures. Le livre est truffé de jolies métaphores comme celle-ci pour parler de Markus : 

(…) il était parti lentement. Sans faire de bruit. Aussi discret qu’un point-virgule dans un roman de huit cents pages. 

J’ai également retenu quelques citations dont une qui j’ai trouvé très juste et que je vous livre ici :

Pensée d’un philosophe polonais.

Il y a des gens formidables qu’on rencontre au mauvais moment.

Et il y a des gens qui sont formidables parce qu’on les rencontre au bon moment.

J’aurais pu relever une phrase sur deux pendant ma lecture tant Foenkinos a la sens de la formule. D’ailleurs, chose rare chez moi, mon livre est tout corné !

Oserai-je le dire ? Ce style bien particulier m’a fait penser à celui de Boris Vian qui mélangeait réalité et inventivité fantasque.

L’adaptation cinématographique de ce Best Seller aux 10 prix littéraires, traduit dans plus de 15 langues et vendu à 400 000 exemplaires, sortira le 21 décembre au cinéma. Audrey Tautou y incarnera Nathalie. Mais je ne suis pas certaine d’aller voir ce film car comme souvent, il ne dépassera sûrement pas le plaisir de la lecture. La délicatesse est le 1^er roman que je lis de Foenkinos, ça ne sera sûrement pas le dernier.

Vagabondage : C’est Emilie Simon qui interprète la chanson du film des frères Foenkinos. Le chevalier est également le premier single de son nouvel album Le clip est à l’image du roman, tout en finesse et en légèreté. Et très esthétique. Découvrez-le ici.

La délicatesse de David Foenkinos, aux éditions Folio.