mercredi 14 décembre 2011

Le dîner (Herman Koch)

Ne jamais juger un livre sur sa couverture. Le dîner d’Herman Koch en est une preuve supplémentaire. Ce homard rouge écarlate posé sur fond bleu turquoise n’attisait guère mon appétit, en dépit des recommandations appuyées de Libellule, fidèle de ce blog, qui avait été emballée par ce roman. J’ai finalement cédé et il aurait été dommage que je passe à côté de cette histoire aussi haletante que surprenante.

Le dîner est de ces romans qui prêtent à réfléchir longtemps après que l’on ait tourné la dernière page. Deux frères et leurs épouses se retrouvent à dîner dans un grand restaurant proche d’Amsterdam. Paul, le narrateur, est un professeur d’histoire mis en disponibilité. Il pense avoir réussi sa vie et semble heureux. Son frère, Simon, un homme politique célèbre, est en passe d'être élu Premier ministre du Pays. Tout les oppose : leur mode de vie, leurs idées politiques, leurs fréquentations. Pourtant ils vont devoir faire face à une réalité commune : la violence inouïe de leurs enfants qui ont commis un terrible crime. Je ne vous en révèle pas d’avantage afin de ne pas gâcher le suspens…


La construction du scénario est très habile. Herman Koch rythme ce dîner par des flash-back nous permettant de découvrir peu à peu les personnages et leur histoire respective.
Entre l’apéritif et le dessert la tension monte, les rivalités s’exacerbent, les personnalités se dévoilent. On glisse en pente douce d’une critique satirique de la société néerlandaises à une vision franchement nauséabonde. Koch nous entraîne dans un monde glaçant où les enfants sont rois et où la morale n’a plus sa place.
Racisme, éducation, intégration, justice, autant de thèmes qui sont abordés au long des 300 pages de ce livre dont je suis sortie assez retournée. J’ai d’abord essayé de comprendre les réactions de ces parents laxistes et lâches, puis j’ai basculé dans un certain malaise face à leur absence de responsabilité et de moralité, jusqu’à atteindre l’incrédulité lorsque la fin est dévoilée. Bref, si le dîner provoque quelques lourdeurs à l’estomac, c’est pour mieux nous interroger : Comment réagir face à l’inconcevable ? Comment les mineurs doivent-ils être jugés ? A quel âge est-on responsable ?...Il n’est pas facile d’avoir une réponse à ces questions.

Je ne suis pas étonnée que ce livre ait connu un énorme succès aux Pays Bas et ait été traduit dans 14 langues. Sur fond d’humour et de causticité, ce dîner est à consommer sans modération !

Vagabondage :

Voici de quoi chatouiller vos papilles en cette période de Noël. La couronne de Noël est l’équivalent de notre bûche aux Pays-Bas. Il s’agit une pâtisserie à base de pâte feuilletée et de pâte d’amande (hum, léger donc…). Je vous laisse en découvrir la recette et nouer votre tablier… Et, bien sûr, je suis preneuse d’un petit morceau histoire de vous donner mon avis! 







Le Dîner, Herman Koch, paru aux éditions Belfond, Mai 2001. Traducteur Isabelle Rosselin.

7 commentaires:

  1. Je suis donc la première à réagir ma chère Misty. Je vois que tu as, tout comme moi, apprécié ce livre étonnant, révoltant, ou la morale est mise à mal, et en cela l'histoire sort des sentiers battus, mais surtout, ce qui m'a vraiment interrogé, c'est la question qui nous est posée par l'auteur à travers l'histoire : existe-t-il un gène de la criminalité ? un enfant peut-il naître en portant déjà dans son sang le stigmate qui le conduira à devenir un voyou ? ce qu'on pourrait appeler "le destin", inéluctable et fatal pour un être humain. De quelle idéologie découle cette analyse ?? moi j'ai mon idée, mais je laisse à chacun la sienne. en tout cas, à lire absolument. libéllule.

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  2. tu m'a mise en appétit avec ta critique, je suis intriguée et curieuse de savoir ce qu'il y a dans ce livre pour provoquer autant de questions..

    ton vagabondage m'a mise également en appétit.. pas tout t'a fait le même !! Je suis preneuse aussi d'un morceau de cette couronne de Noël, mes piètres talents de pâtissière ne me permettront pas de la découvrir par moi même !! Un(e) volontaire ?

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  3. @Libellule : Tout à fait d'accord avec ta vision de ce livre. On s'en pose des questions à la lecture de ce livre....
    @Sabine : J'aime beaucoup ton appel aux volontaires :-)Je pense qu'il va falloir qu'on organise un atelier "cuisine" !

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  4. Et bien, tout ça m'a mis en apétit, et intelectuel, et culinaire ! Je suis curieuse de découvrir, et ce HOMARD en couverture, j'y vois la un signe ;-)
    Pour l'atelier cuisine, quand vous voulez..

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  5. @Leeloo : Tu as raison ce Homard est un signe fort....2012 : l'année du Homard..enfin j'me comprends!

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  6. Je me souviens que, lors de la dernière campagne présidentielle, Sarko, lors d'un débat pour Philosophie Magazine avec Onfray, avait déclaré que tout était dans les gènes ; la pédophilie, le suicide, la cigarette... Je crois que personne n'en sait encore assez long sur le déterminisme génétique pour affirmer de stèles choses. C'est assez sidérant, et si c'était vrai, cela devrait conduire droit à l'irresponsabilité... Au fait, existe-t-il une prédisposition à la connerie ?

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  7. Ah vaste sujet ! J'ose espérer que le nombre de personnes prédisposées au bon sens et à l'intelligence du coeur est supérieur à celui de ceux prédisposés à la bêtise !

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