mercredi 28 mars 2012

Pablo-1.Max Jacob (Julie Birmant / Clément Oubrerie)

Après avoir tourné la dernière page de cette BD, je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir vous en dire. Rien de particulier ne m’avait frappée et je suis restée perplexe. Ni grand enthousiasme, ni réelle déception… rien ! Et pourtant, en y réfléchissant….
Dans ce  premier album d’une série de quatre, Julie Birmant nous raconte Pablo avant Picasso, avant la célébrité et l’argent, le Pablo des années 1900-1912, lorsqu’il débarque à Paris. Ces années-là sont marquées par sa rencontre avec Max Jacob, jeune poète en devenir. Amoureux de Picasso, il lui donne le goût de la littérature française et influence sa fameuse “période bleue”, emprunte de nostalgie et de mélancolie.

Certes,  la narration est originale. L’on découvre la vie de Picasso à travers les souvenirs de Fernande Olivier, son premier  grand amour. Elle se souvient et raconte. Cela donne lieu à un récit en chorale : l’histoire de Fernande et, en parallèle, celle de Picasso, jusqu’au moment de leur rencontre. Picasso fit des centaines de portraits d’elle. D’ailleurs, c’est l’une des femmes qui servit de modèle pour les Demoiselles d’Avignon (mais ne me demandez pas laquelle… ).
À l’évidence, Clément Obrerie a mis du cœur à ses dessins. En effet, Max Jacob était un ami de son grand père et l’album sonne comme un hommage. Ils ont eu toute une relation épistolaire. Max Jacob a même fait des dessins pour mon grand-père que je détiens encore aujourd’hui, confie-t-il.
Dessinateur de la célèbre BD « Aya de Yopougon », il parvient grâce à un coup de crayon enlevé et dynamique à nous plonger dans l’atmosphère de l’époque. Les dessins sont mis en couleurs par Sandra Desmazieres qui effectue là un travail remarquable, utilisant des couleurs chaudes et apportant un cachet inimitable à cet ouvrage. On imagine sans peine le bouillonnement créatif de l’exposition Universelle de 1900, l’émulation du Montmartre des artistes, la vie de bohème, la liberté des corps et des esprits… Si on ne peut pas enlever à Obrerie un talent indéniable pour transmettre les humeurs de ses sujets (leurs expressions sont éloquentes), je n'ai, en revanche, absolument pas été séduite par le graphisme des personnages. Ils semblent taillés dans le roc tant les traits sont abrupts et ils finissent par se ressembler tous. Ainsi, pendant la première partie du livre, j’ai eu du mal à distinguer Pablo de son ami Casagemas, et fus obligée de m’arrêter parfois quelques instants sur certaines planches pour m’y retrouver. Avouez que c’est un peu gênant ! Idem pour les figures féminines. Dommage, car cela a freiné ma lecture et j’en ai même quelque fois perdu le fil de l’histoire.

C’est là un bémol de taille, mais cependant, le seul. Et malgré tout, sans bien savoir pourquoi, je n’ai pas été emballée par cette lecture. Revisiter la vie de Picasso en BD permet de la rendre accessible au plus grand nombre, y compris aux paresseux qui ne veulent pas se lancer dans une biographie complète. On y trouve les éléments essentiels, parfois anecdotiques, qui nous permettront de briller dans les dîners en ville ! Mais c’est quand même un peu court.
Les non initiés glaneront ici ou là quelques détails sur l’arrivée du jeune peintre à Paris, ses déboires avec les marchands d’art, dont Vollard qui lui tourna le dos dès lors que ses peintures ne répondirent plus à des normes académiques, ou encore son emménagement au célèbre Bateau Lavoir, immeuble de Montmartre qui hébergea de nombreux artistes au début du XXème siècle. Mais tout cela reste superficiel et je suis restée sur ma faim. Je doute que les avertis apprennent quelque chose de plus que ce qu’ils savent déjà.
A l’heure où les biopics sont tant à la mode (après Coco Channel, Edith Piaf et Cloclo, on nous promet Marilyn Monroe et Freddie Mercury), je n’ai pas envie de me satisfaire du point de vue unique d’un scénariste ou d’un écrivain et préfère me forger ma propre opinion en « investiguant » sur les artistes qui m’intéressent.

D’autant que ce premier  tome s’intitule Max Jacob, mais du poète nous n’apprenons rien ou trop peu. J’aurais aimé que l’on rentre d’avantage dans le détail de sa vie pour mieux comprendre sa relation si spéciale avec Picasso.
En attendant le prochain tome, à la rentrée 2012, je vous laisse découvrir la bande-annonce de la BD.

Vagabondage :
Un vagabondage est bien trop peu pour évoquer Max Jacob et lui rendre hommage. Ce poète qui découvrit Picasso et l’aida à se faire connaître, fut arrêté en 1944 et déporté à Drancy d’où il ne revint jamais.
Voici un florilège de quelques unes de ses citations. Cliquez ici
Pablo- 1.Max Jacob. Paru en 2012 aux éditions Dargaud.16,95€. Dessin : Clément Oubrerie- Scénario : Julie Birmant- Adaptation Jul- Coloriste : Julie Desmazières

2 commentaires:

  1. Je tourne autour de cette BD depuis sa sortie mais je ne parviens pas à franchir le pas ... alors merci de l'avoir fait pour moi ;-)
    Autant j'ai été emballée par la série AYA, autant les dessins de Clément Oubrerie ont raison de moi pour Picasso
    Et si en plus l'histoire n'est pas trop au RV .... je pense m'en tenir là ...

    Si tu ne l'as pas encore dévoré, précipite toi sur Kiki De Montparnasse chez Casterman BD !
    Kate

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    Réponses
    1. Ah merci pour la reco "Kiki", je vais m'empresser d'aller l'acheter ce week end:-) Pour Pablo, c'est pas mal mais j'attendais sans doute plus:-)

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