lundi 1 octobre 2012

Un oiseau blanc dans le blizzard (Laura Kasischke)


Un oiseau blanc dans le blizzard est le second roman que je lis de Laura Kasischke. J’ai prudemment attendu sa sortie en livre de poche car le précédent ne m’avait pas vraiment emballé (lire la critique ici). Pourtant, contre toute attente, j’y ai souvent repensé et c’est ce qui m’a donnée envie de retenter ma chance.

Kat a seize ans lorsque sa mère disparaît soudainement, sans aucune explication. Si cet événement est un véritable cataclysme pour l' adolescente , elle n’en laisse rien paraître et semble dénuée de toute émotion. La vie de cette jeune américaine de l’Ohio continue, tristement banale, entre un père taciturne et faible, et  Phil, un petit ami qui n’en a que le nom…
Pourtant elle s’interroge. Qui était cette femme qui l'a mise au monde et dont elle ne sait rien ? Qu'est-ce qui a bien pu la pousser à disparaître du jour au lendemain ? D’ailleurs était-ce volontaire ? 
Peu à peu, grâce aux souvenirs de Kat qui s'assemblent telles les pièces d'un puzzle, on en apprend plus sur cette mère, mariée trop jeune, dont la vie réglée et sans fantaisie la rend froide et acariâtre, jusqu’à jalouser la jeunesse de sa fille. Son seul échappatoire semble être la fuite, mais est-ce vraiment la cause de sa disparition ? Le doute s’installe jusqu’au point d’interrogation final.

Loin d’être un livre policier, ce roman aborde le thème de l’absence et la manière dont chacun est amenée à la vivre. Alors que le père s’enferme dans une tristesse sans fin, sa fille, elle, tente d’avancer à sa manière, maladroitement, et trouve refuge dans la thérapie et le sexe.  

Comme dans En un monde parfait, je suis  restée sur ma faim, pour plusieurs raisons. D’une part, j’ai été gênée dans ma lecture par le nombre d’images employées par l’auteur. Il y en a à toutes les pages. D'ailleurs le titre même de son livre est une métaphore. Elles sont parfois tirées par le cheveux, voire totalement improbables.  

Par exemple, ces pneus qui ne cessent de s'user, de se ronger sur l'autoroute, où part ce caoutchouc quand il n'est plus sur les pneus? Est-ce qu'il s'évanouit dans l'atmosphère - comme un gaz, un souffle d'air caoutchouteux, inspiré, expiré? Ou bien est-ce qu'il enveloppe la route comme une peau de serpent, comme une veste de peau vernie? Est-ce que nous ne roulons pas chaque jour, sur le caoutchouc que nous avons-nous mêmes perdu?

D’autre part, je n’ai pas été séduite par l’aspect psychologique du roman. Les personnages sont pourtant bien campés et Laura Kasischke excelle dans la description des sentiments contradictoires. Mais malheureusement je n’y ai pas été sensible. Trop d’ambiguïtés, de non-dits, de mal-être. Trop d'émotions tordues...

Le docteur Phaler regarde maintenant le sol, elle fixe méchamment le visage de ma mauvaise mère projeté sur son luxueux tapis oriental. Elle n'approuve pas ma mère. Elle est payée pour condamner ma mère. C'est comme ça que les psychologues comme elle gagnent leur vie à travers ce pays : en se scandalisant des échecs de nos mères.
Mais pourquoi? Parmi d'autres espèces animales, on trouve assez naturel que des mères gobent et avalent leurs petits.

Vous voyez ce que je veux dire ?


Vagabondage : Si les métaphores de Laura Kasischke sont de qualité inégale, il en est un qui était passé maître dans cet exercice, j’ai nommé Michel Audiard. Entre Les Tontons flingueurs et Un taxi pour Tobrouk, il n’y a qu’à se baisser pour les ramasser. Mais connaissez vous la différence entre une métaphore et une périphrase ? Explication dans cet extrait de Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages :





Un oiseau blanc dans le blizzard (Laura Kasischke) Date de parution en livre de poche: 22/08/2012. Traduit de l’anglais par Anne Wicke






6 commentaires:

  1. Bon ben voilà ... Un livre que je ne lirai pas ... Merci de ton dévouement Misty !
    Kate qui lit "la chute des géants" de Ken Follett (1005 pages boudiou) et qui adore !

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    1. Oui j'ai l'impression d'enchaîner les livres sans enthousiasme....T'as fini la chute des géants? Il va falloir en dire quelques mots sur le Pas it blog !

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  2. Voilà qui ne donne guère envie. Et même, semble assez déprimant. Il pleut, les températures chutent en même temps que les feuilles, on a ressorti les pulls et les bottines... Que nous conseilles-tu d'un peu plus plaisant pour nos soirées douillettes ?

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    1. Franchement, je n'ai pas grand chose sous le coude. J'ai terminé il y a quelques jours "le diable se cache à la campagne" mais c'est franchement moyen. Et là je lis un PD James en Vo...et bien même sans tout comprendre dans le détail, ça me plait bien plus que le reste !

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  3. Je viens de commencer En un monde parfait et 50 pages plus loin je l'ai lâché. Je m'ennuie et je suis d'accord avec toi les images sont insupportables !
    Bon ben je vais le vendre à une brocante ou le donner à qui veut ...
    Kate

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    1. Oh laisse le sur un banc, il paraît que ça se fait maintenant.... Quand même ça me rassure que toi non plus tu n'accroches pas car les critiques sur cet auteur sont globalement ultra positives....

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