POIGNANTE. Si je devais résumer d’un mot l’exposition des photos de Lewis Hine (1870-1940) qui se tient actuellement à la Fondation Cartier Bresson, ça serait sans aucune hésitation celui-ci. J’en suis ressortie retournée et pleine d’admiration pour ce pionnier de la photographie sociale et documentaire. Il nous offre un témoignage saisissant de la société ouvrière du début du XXé siècle : les taudis de Londres et de Pittsburg, le travail des enfants, l’arrivée des immigrés à Ellis Island… une misère universelle immortalisées par l’oeil du photographe.
Car l’américain Lewis Hine est avant tout un artiste sociologue et humaniste. Il écrit, milite pour la justice sociale, publie des pamphlets, s’engage dans la lutte contre le travail des enfants. Alors que la révolution industrielle transforme profondément la société, Hine, tout en célébrant le progrès technique et la valeur travail, replace l’être humain au centre.
Ses clichés donnent la part belle aux gens de peu, aux sans noms, aux oubliés qui, grâce à lui, ne sont pas sans visage. Ce sont des regards pour la plupart résignés, mais aussi volontaires et même parfois souriants qui fixent l’objectif. En 1933, Hine écrit C'est au nom de la force expressive et non de l'emphase que je sélectionne les visages les plus marquants pour mes portraits industriels, parce que c'est la seule façon de traduire ma conviction qu'au bout du compte, le plus important c'est l'esprit humain. Pour de telles photos, le talent, s’il est indispensable, n’est pas suffisant et un petit coup de pouce est souvent nécessaire. Le matériel photographique de l’époque n’offrait évidemment pas les possibilités d’aujourd’hui, et Hine doit souvent demander à ses sujets de prendre la pose. Mais peu importe car son but n’est pas de faire uniquement de la photographie d’art et de saisir en instantanée la réalité. Il s’agit pour lui d’observer et de témoigner. Ainsi, il se hissera sur les échafaudages de l’Empire State Building, descendra dans les mines de charbon, suivra la Croix Rouge aux Balkans. Et devant les photos d’enfants ou les potraits industriels, on ne peut s’empêcher de penser au « Kid » ou aux « Temps modernes » de Chaplin, un autre artiste portant un regard critique sur son époque.
Vagabondage : L’Empire State Building est l’une des constructions les plus impressionnantes. Commencée en 1930, elle a été réalisée en 410 jours par 3400 travailleurs composés majoritairement d’immigrants. Les héroïques Sky boys (garçons du ciel) étaient chargés de travailler sur l’armature métallique de l’immeuble, à plusieurs centaines de mètres du sol, sans la moindre protection. Selon un rapport officiel, seuls cinq ouvriers trouvèrent la mort durant la construction, et ce chiffre ne comprenait étonnamment aucun sky boy. Ils étaient pourtant ceux qui prenaient le plus de risques. A 57 ans, Lewis Hine armé de son lourd appareil photo gravit l’immeuble de King Kong (381 mètres et 102 étages) pour en tirer une série de photos époustouflantes. Sensibles au vertige s’abstenir! Cliquez ici
Exposition Lewis Hine. Fondation Cartier Bresson, impasse Lebouis, Paris XIII. Plein tarif 6€.
très bonne critique Mitsy et les photos sont tout simplement fascinantes. Libellule
RépondreSupprimerMerci Libellule.
RépondreSupprimerj'y vais ce midi ;) tu m'as trop donné envie (et j'adore la fondation). Je te dirais, mais je sais d'avance que je vais adorer. Biz.
RépondreSupprimerC'est intéressant de faire se rencontrer art et ambition sociale. Rendre l'art utile, et, en même temps, qu'il reste beau. De plus, le photographe a pris des risques pour photographier les ouvriers sur l'Empire State. Photographe-acrobate...
RépondreSupprimerMerci pour la découverte.
Moi, j'aime mieux l'art pour l'art. Qu'on photographie un ouvrier ou la reine d'Angleterre, l'oeuvre d'art reste la même, non ?
RépondreSupprimer@aLACLAIREFONTAINE: j'attends tes impressions avec impatience
RépondreSupprimer@Rebecca : Photgraphe acrobate , très jolie expression:-)
@Mr Sophad :oui tout à fait, Hine a juste fait son choix entre la Reine d'Angleterre et les ouvriers..Mais tu as raison, le talent n'a pas de limite, même pas celle de Buckingham!
Puisque tu parviens très bien à nous donner envie et parce que je ne suis pas sûr d'avoir le temps d'y aller, tu n'envisagerais pas de nous écrire un billet sur l'expo "Fractal" par hasard ? http://www.rtrgallery.com/html.php?lang=fr&id=257
RépondreSupprimer@Babosa : je n'avais pas entendu parler de cette expo, donc merci du tuyau...tu crois qu'il faut être bon en maths? Parce que si j'en crois les 1ères explications, ça a l'air un peu ardue..."Une fractale désigne des objets dont la structure est invariante par changement d’échelle". Ca va être difficile à restituer tut ça, mais pourquoi pas :-)
RépondreSupprimerOui mais les quelques photos aperçues dans une revue, me laissent penser qu'il y a de quoi s'émerveiller...
RépondreSupprimerEn effet...Il faut juste que j'arrive à caler ça un samedi car pas ouvert le dimanche:-(
RépondreSupprimerC'est une bonne idée : on va t'envoyer voir pour nous les expos qu'on n'a pas le temps de visiter. Tu nous les feras partager comme si on y était, et ainsi, on sera moins frustrés !
RépondreSupprimerMagnifque écriture Misty
RépondreSupprimerAlors Maxime a eu une très bonne idée, comme je sais déjà que je n'aurai pas le temps d'aller voir toutes ces expos (en cours et à venir), tu pourrais nous faire un petit billet, plus quelques échantillons, un petit rappel du contexte et fournir tes billets d'entrée qu'on pourra coller sur le réfrigérateur...
RépondreSupprimer@Pasale: Non mais voyez vous ça! Bon ok pour tout à conditions d'une petite contrepartie financière...les temps sont durs pour tout le monde hein?!
RépondreSupprimer