samedi 5 novembre 2011

Yayoi Kusama : la princesse aux petits pois

Je ne connaissais pas Yayoi Kusama cette artiste japonaise, qui cumule les talents de peintre, de sculpteure et, de cinéaste. Une lacune car elle est pourtant reconnue au niveau international et a reçu nombre de distinctions aussi bien au Japon qu’à l’étranger. A ma décharge je ne suis pas férue d’art contemporain. Mais plusieurs personnes m’avaient parlé de cette rétrospective  qui regroupe 150 œuvres réalisées entre 1949 et 2011 et j’avais envie d’élargir mon horizon. C’est donc avec curiosité que je me suis rendue au Centre Georges Pompidou où se tient l’exposition qui lui est actuellement consacrée. J’ai été bien plus surprise et dubitative que séduite.


C’est la répétition qui domine l’univers de cette artiste psychédélique. Depuis plus de 40 ans, Yayoi Kusama réalise un travail monomaniaque fondé sur l’éternel recommencement et la multiplication des signes. A l’origine de tout : les pois. Des petits pois, des petits pois, toujours des petits pois.
Pourquoi les pois me direz-vous ? Ils s’imposent à Kusama lorsque enfant, elle a la vision hallucinatoire d’un motif en forme de pois décorant une nappe familiale et se répétant à l’infini dans la pièce. Elle déclare « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d’autres pois…. ». Hum… Ca m’a laissé perplexe. Mais finalement à l’aube des 7 milliards d’habitants qui peuplent notre planète, elle n’a peut-être pas tort.

Variation des couleurs, des tailles, des atmosphères, des matériaux, des éclairages…les petites formes rondes remplissent l’univers de Kusama. Cette obsession l’accompagnera toute sa vie et se déclinera sur bien d’autres motifs : fleurs, chaussures, cœurs, mais aussi, et c’est plus étonnant, les pénis ou les limaces ! On ne peut pas dire que ces sculptures « mollusco-phallyques » rouges et noires m’aient mis très à l’aise. C’est même avec un peu de dégoût que j’ai regardé ces agrégats informes qui semblent être le résultat d’un déséquilibre psychique notoire…
Les vidéos mettant en scène des hommes et des femmes dénudés, dont Kusama elle-même, et qui se veulent un hymne à la liberté sexuelle, m’ont également gêné car violentes et impudiques.


Au-delà des itérations, ce sont les couleurs souvent vives voire flashy qui m’ont frappé : le rose, le vert, le rouge et le bleu rivalisent pour mettre en scène ces répétions illimitées. Choix surprenant pour une artiste dépressive qui a déjà commis 2 tentatives de suicide et s’est fait volontairement internée en hôpital psychiatrique tant sa santé mentale est fragile. Depuis 1973 elle n’en est pas ressortie.

Lors de ce voyage dans la psyché de Kusama, je n’ai pas toujours boudé mon plaisir. Les salles aux murs recouverts de miroirs, qui nous font perdre tout repère et plonger dans l’infini, m’ont beaucoup plu. Une expérience sensorielle surprenante et agréable.





Vagabondage :
Le Centre Beaubourg voit le jour en 1977 sous la volonté de Georges Pompidou. Ce dernier souhaitait créer un centre de vie multi culturel qui soit à la fois un musée, une bibliothèque, une cinémathèque et un centre de création. Si l’idée est belle, la construction suscite la polémique. Ses détracteurs, dont je fais partie, y voient une verrue au centre de Paris. Elle est d’ailleurs appelée en argot parisien « Notre Dame de la Tuyauterie ». Ses partisans, eux, y voient une expression artistique libre, où tout communique et rien n’est caché. Je vous laisse découvrir l’avis de deux charmantes petites dames de l’époque qui découvrent l’endroit. Elles sont craquantes. 
                                                    
                                           





Exposition Yayoi Kusama jusqu'au 9 janvier 2012. Centre Georges Pompidou. Plein tarif 12 euros.

1 commentaire:

  1. J'ai vu les affiches de cette expo dans le métro (la dame aux cheveux orange...). Ça ne me disait déjà pas grand-chose, mais alors là, ta chronique m'a passé toute envie. Je dirais même qu'autant de pois me filent des boutons. Mais à chacun ses obsessions.

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