mercredi 20 juin 2012

La mémoire des autres (Anne-Lise Corbrion)

Voilà quelques semaines, la Fondation Bouygues Telecom a remis son prix Nouveau Talent à Anne-Lise Corbrion pour son roman La Mémoire des Autres. J’ai eu la chance d’assister à cette réception, l’auteure m’a aimablement dédicacé son livre et j’ai promis d’en dire ici un mot.  

La quatrième de couverture semblait prometteuse : Emma, infographiste, spécialisée dans la restauration de photos anciennes, développe, à la suite du décès de ses parents, un don peu commun : celui d’entrer en contact avec les disparus apparaissant sur ces clichés, grâce à des échanges de mails. Ces âmes en peine lui confient diverses missions qui, une fois accomplies, leur permettront de reposer en paix.

Lors de la réception de son prix, la lauréate a déclaré qu’un mois lui avait suffi pour écrire ce livre. Ce qui provoqua mon scepticisme (voir ici). Pour ma part, deux soirées seulement m’auront été nécessaires pour venir à bout de cette histoire qui hésite entre policier et fantastique. Au début, je me suis laissée prendre par l’intrigue, même si elle m’a rappelé la série télé pour ados « Ghost Whisperer ». Et puis, très vite, l’intérêt a laissé place à l’ennui. Tout est trop facile dans cette histoire cousue de fil blanc. L’histoire d’amour, tendance Harlequin, le méchant puni à la fin, l’inévitable happy end… L’auteure déploie beaucoup d’efforts pour nous orienter sur de fausses pistes et conserver un semblant de suspens. Hélas, ce ne sont plus des ficelles qui cousent son intrigue, mais de véritables câbles et l’identité du meurtrier (car il y a meurtre) ne fait pas l’ombre d’un doute dès le début de l’enquête!

Le fond est décevant. Que dire du style ? Il m’a ramenée à l’époque de mon adolescence où je lisais les aventures de l’intrépide Alice, parues dans la Bibliothèque verte. Rien de remarquable, donc, mais j’avais été avertie, par Anne-Lise Corbrion elle-même, que son ambition n’était pas vraiment littéraire et que son ouvrage ne visait pas le Goncourt.
Quant aux personnages, ils frisent la caricature : Emma, célibataire, a une histoire personnelle lourde (la disparition tragique de ses parents dans un accident de voiture) et se noie dans le travail ; Lexie, la fidèle amie sur qui l’on peut compter en cas de coup dur, est toujours présente et de bonne humeur ; Nathaniel joue le rôle de l’amoureux transit, un brin mystérieux, marqué, lui aussi, par une histoire dramatique…

Comme  il s’agit d’un premier roman, l’indulgence est requise, mais tout de même… Il manque de l’émotion, de l’aventure, du suspens...
Je me pose la question de la valeur ajoutée de l’éditeur, Calmann-Levy, censé conseiller ses jeunes auteurs pour retravailler un manuscrit. A priori cela n’a pas été le cas et c’est dommage.



Vagabondage : Quand je lis un roman, je m’attends à ce qu’il soit écrit dans un français correct, et davantage encore s’il a été récompensé par un prix littéraire. Une remarque, page 152 du roman d’Anne-Lise Corbrion : Au final le meurtrier a fait deux victimes et de multiples dommages collatéraux (comme les bombardements ???). « Au final » est impropre pour la simple et bonne raison que le substantif masculin « final » n’existe pas.
De telles expressions fautives fleurissent sur les ondes des radios et des télévisions, dans notre milieu professionnel, et nous les utilisons sans vergogne, quotidiennement. Petit tour d’horizon qui vous fera dresser l’oreille en réunion : ICI






La mémoire des autres, paru en 2012 aux éditions Calmann-Levy.

6 commentaires:

  1. j'adore ta plume ma Misty... quel plaisir de te lire à chaque fois...
    Le parallèle avec Alice est excellent et très imagé. Cela pose bien le roman dans son univers...
    Dommage... n'est pas Zola qui veut... remarque BHL est bien comparé à Rousseau... le pauvre... Quand tu penses que cet illustre penseur est à l'initiative des fondements de notre république... alors que l'autre, la meilleure chose qu'il nous livra fut son entartage... mais bon, je suis hors sujet.

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    1. Oui tu as raison, avec BHL comparé à Rousseau on ne s'étonne plus de rien ! Merci pour ton commentaire et ta visite sur ce blog en tous cas. Bizzzz

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  2. Et combien coûte cette merveille ? Ce n'est pas que je compte l'acheter, hein. Juste un peu de curiosité, car je crois que le prix Bouygues rapportera plus à l'auteur que ses ventes...

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    1. Bonjour Alex, j'ai eu un mal fou à trouver le prix car il n'était pas sur l'exemplaire qui m'a été offert...finalement après quelques recherches, il semblerait que le prix soit de 9,5 euros...pas très cher donc mais effectivement il faudra en vendre des exemplaires pour arriver à la somme de 10 000 euros, montant du prix littéraire...

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  3. Belle leçon, chère Misty. Pour ma part, je trouve le filon des fantômes quelque peu éculé. Tout comme celui des vampires. Ça va un moment, et puis ça finit par lasser. Tes remarques en tout cas sont très pertinentes. En particulier quant à la responsabilité des éditeurs qui publient à tour de bras comme s'ils remplissaient des grilles de loto.
    Aurais-tu quelques lectures intéressantes à nous recommander pour les vacances ?

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    1. Bonjour Maxime, moi j'aime bien les histoires de fantômes, mais là c'est un peu trop simple à mon goût même si la base est bien trouvée. Pour les lectures de l'été je m'occupe de faire une liste et de la publier très vite. A+

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