Je dois m’excuser auprès de Jane Austen pour
avoir impliqué sa bien-aimée Elizabeth dans une enquête pour meurtre, mais la
fusion de mes deux passions (pour les romans de Jane Austen et pour l’écriture
d’histoires de détective) m’a donné beaucoup de plaisir ce qui je l’espère sera
partagé par mes lecteurs.
Pari
gagné pour Phyllis Dortothy James, reine du polar de quatre vingt dix ans passés !
En tous cas pour moi, le plaisir fut bel et bien au rendez-vous. C’est pourtant avec un soupçon d’appréhension
que j’ai abordée cette suite d’Orgueil et
Préjugés. Admiratrice enthousiaste de l’œuvre de Jane Austen je craignais
d’être déçue.
Six ans ont passé depuis le
mariage de Darcy et d’Elizabeth. Nous sommes en 1805, à la veille du bal annuel organisé à
Pemberley, le domaine des jeunes époux. Les préparatifs vont bon train et
chacun s’active pour que la fête soit réussie, lorsque soudain Lydia, la sœur
d’Elisabeth débarque, à bout de souffle, prétendant qu’un drame s’est joué dans
les bois alentours entre son mari George Wickam et son meilleur ami le
capitaine Dennis. Aussitôt, Darcy, suivi de deux de ses invités, le colonel
Fitzwilliam et l’avocat Alveston, se mettent en route. Ils découvrent Denis,
mort. A ses côtés Wickam, s’accuse du crime. Mais est-il vraiment
coupable ?
L’histoire s’attarde d’avantage sur
les coulisses du procès de Wickam que sur l’enquête policière elle-même. Ne vous attendez donc pas à un
suspens insoutenable, ce qui n’empêche pas quelques rebondissements inattendus dans
les derniers chapitres...
Il s’agit
pour P.D. James de nous faire plonger dans l’atmosphère surannée de Pemberley,
comme si nous y étions : tea time, ballades dans le parc, veillées auprès de la cheminée, déplacements à la bougie... Elle en profite au passage pour nous éclairer sur des
faits qui n’étaient qu’esquissés dans le roman de Jane Austen. Ainsi, nous en
apprenons d’avantage sur le passé de Darcy et sur son père, ou encore, sur les
frasques de Wickam. C’est sans doute sa grande connaissance de Jane Austen et
de son oeuvre qui permet à P.D. James de réussir cet exercice de style avec
talent, sans qu’à aucun moment ne se trouve mise en doute la crédibilité de son
histoire. Elle fait preuve d’imagination, tout en restant fidèle à l’univers austenien.
Les personnages d’O & P reprennent vie et la psychologie
de chacun est respectée : Darcy, parfois arrogant, tourmenté par son passé, mais
généreux et épris de justice, Wickam fourbe, profiteur et sans scrupule, Lydia
hystérique et pathétique, et l’aimable Jane, lisse et transparente. Toutefois,
dans mes souvenirs, Elisabeth m’apparaissait plus fougueuse et rayonnante. Désormais
maîtresse du domaine de Pemberley et mère de famille, elle s’est rangée. Elle
ne tient d’ailleurs pas le rôle principal dans l’intrigue. Même remarque pour
Fitzwilliam moins flamboyant qu’en ma mémoire mais qui, ayant l’ambition
d’épouser la sœur de Darcy, se montre plus mature.
Les
personnages secondaires, la vie au domaine et toute sa domesticité, sont pour l’auteure l’occasion de nous donner
sa vision de la société de l’époque. Elle
réussit même à introduire un nouveau personnage, dénommé Alveston, qui s’intègre
parfaitement au décor.
Mention
spéciale pour la traduction d’Odile Demange qui retranscrit le style littéraire
particulièrement soigné de P.D. James et nous offre un réel plaisir de lecture :
Il était de notoriété
publique à Meryton que Miss Lizzie détestait Mr Darcy, un sentiment
généralement partagé par les dames et les messieurs qui avaient assisté au
premier bal auquel Mr Darcy avait accompagné Mr Bingley et les deux soeurs de
celui-ci, et lors duquel il avait donné d'abondantes preuves de son orgueil et
de son mépris arrogant pour la société, faisant clairement comprendre, malgré
les encouragements de son ami Mr Bingley, qu'aucune jeune fille de l'assistance
n'était digne d'être sa cavalière. De fait, lorsque Sir William Lucas lui avait
présenté Elizabeth, Mr Darcy avait refusé de danser avec elle, déclarant
ensuite à Mr Bingley qu'elle n'était pas assez jolie pour le tenter. On tenait
pour admis qu'aucune femme ne saurait se féliciter de devenir Mrs Darcy car,
comme l'avait fait remarquer Maria Lucas, « qui pourrait souhaiter prendre son
petit-déjeuner pour le restant de ses jours devant visage aussi revêche ?
»
Rassurez-vous : si vous n’avez pas lu Orgueil et Préjugés, P.D. James vole à votre secours dans un
prologue fort habile. Et puis vous avez toutes les vacances pour vous rattraper.
Bref, un
bon livre que je vous recommande vivement de mettre dans votre valise pour
qu’un jour pluvieux ne soit pas un jour perdu.
Vagabondage :

Je vous
propose ce petit quizz afin de tester vos connaissances sur cet homme parfait. En dessous de 50 % de bonnes réponses, laissez votre place aux autres, ce gentleman n’est pas pour
vous et il y a une sacrée file d’attente…Moi j'ai fait 100 %! C'est ici
La mort s’invite à Pemberley, P.P.James traduit de l’anglais par Odile
Demange,
Fayard mai 2012
Fayard mai 2012
Bonsoir Misty, C'est en rentrant d'une réunion ce soir que j'ai découvert ta critique du livre de PD.James. Moi aussi j'ai été charmée par l'histoire et le style de ce livre. J'avais en tête tous les personnages d'Orgueil et Préjugés. Ta critique est très bien faite. C'est vrai que PD a eu une excellente idée d'imaginer une suite au bouquin de Jane. On s'y croirait .... J'ai bloqué mon après-midi de mercredi pour voir sur Arte un téléfilm sur la vie de Jane Austen. Il y sera question du beau Monsieur Darcy qui a bien existé puisque dans la réalité elle a failli l'épouser. Merci également pour la très jolie photo du beau ténébreux .... Libellule
RépondreSupprimerAh je nesavais pas que Monsieur Darcy avait bien existé..il n'est donc pas qu'un idéal! C'est rassurant et plein d'espoir!Il a peut être des descendants.... Merci pour cette info capitale Libellule!
SupprimerCa y est ! lu !
RépondreSupprimerEn partant en vacances, j'avais pris de la littérature adequate avec les lieux ... Donc j'ai relu "Orgueils et préjugés" à l'ombre des jardins anglais, pour enchaîner avec "la mort s'invite à Pemberley", toujours sous les arbres du Somerset.
Vraiment j'ai eu l'impression de lire le même auteur, même si j'ai préféré PD James et la traduction parfaite qui donne de la modernité aux personnages.
Alors oui ça ne se veut pas un polar tout en surprise et suspense mais c'est un merveilleux excercice de style et PD James maîtrise absolument tous les codes austeniens !
Lire les 2 livres à la suitrte est un vrai régal et en plus sur les lieux de la vie de Darcy, c'est le comble du bonheur !
Ah oui, je ne l'ai pas croisé .......
Kate
Ah je suis bien contente que cela t'ait plu Kate! Quelle chance de l'avoir lu au pays même de Jane Austen. Dommage que tu n'aies pas croisé Darcy, il faudra donc que tu y retournes!
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