
Peintre, dessinateur,
graveur, auteur de traités techniques et esthétiques, et illustrateur de romans
(on en compte plus de mille à son actif), il vécut presque quatre vingt dix ans
(1760-1849), et sa création s’étend sur plus de sept décennies.
En une quarantaine
d’estampes, le Musée Guimet nous offre une rétrospective exceptionnelle
de cet artiste Japonais.
Hokusai représente avec un
coup de crayon inégalé la nature dans ce qu’elle a de plus puissant par rapport
à l’homme. Sous la grande vague en est certainement l’exemple le plus
éclatant et aussi le plus connu. Si le format est beaucoup plus petit que je ne
m’y attendais, cette estampe est superbe de force et de modernité. Elle nous
engloutit littéralement, comme elle engloutit la petite embarcation qui tente
de lutter au centre du dessin. Le niveau de détails, la profondeur du paysage,
l'écume qui retombe en fines gouttelettes, tout y est criant de vie.
Cette représentation d’un
instantané, telle une photo, est caractéristique de l’Ukuyo-e qui signifie
« images d’un monde éphémère et flottant ».
Sous la grande vague (ou Sous
la vague au large de Kanagawa) fait partie d’un travail de trente six estampes
éditées entre 1831 et 1833 et qui figurent le Mont Fuji depuis différents
lieux, suivant les saisons. Cette série est l’une des premières entièrement
consacrée au paysage mais réalisée en grand format. En cela Hokusai a
révolutionné la peinture de l’époque. Le musée Guimet nous en dévoile neuf
d’entre elles. Mais l’exposition ne s’arrête pas là. Elle nous propose
également des œuvres moins connues comme des esquisses et des estampes
de fleurs absolument superbes, des scènes théâtrales tirées des Cents
contes de fantômes, inspirées des Kabuki (pièces de théâtres), ainsi que
quelques pages d’albums de kyoka (poèmes humoristiques de trente et une
syllabes).
Cet artiste excentrique s'il en est (il changea de signature plus de cinquante fois!) vivait son art avec passion et sans limite, remettant sans cesse en cause sa façon de voir le monde. Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de
dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une
infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant
l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai
compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des
plantes, etc. Si je m’en donne le mal, j’aurais fait à quatre vingt ans de
nouveaux progrès et à quatre vingt dix ans je pourrais lever les dernier
secrets. Quand j’aurai cent ans, les traits et points se rempliront tous seul
de vie. Que le dieu de la longue vie veille à ce que ma conviction ne soit pas
une vaine parole", écrivait-il
dans la postface aux Cent vues du mont Fuji.
Une très belle exposition
pour laquelle je vous recommande d’éviter les heures de grandes affluences. Elle
se tient en effet dans une toute petite salle ce qui ne facilite pas l’accès aux œuvres. Le succès est tel que le Musée Guimet joue les prolongations avec
vingt nouvelles oeuvres jusqu’au 7 janvier 2013, une sacré aubaine pour ceux
d’entre vous qui souhaitent s’y rendre.
Vagabondage : Sous la
grande vague eut une influence majeure sur Claude Debussy lorsqu’il composa La
mer. D’ailleurs, la couverture de l'édition originale de 1905
reproduisait l’estampe d’Hokusai.
Trois mouvements constituent l’oeuvre : De l’aube à midi sur la mer, Jeux de vagues, et Dialogue
du vent et de la mer. Je vous propose de vous laisser porter par la version du Philarmonique de Berlin dirigée par Herbert Von Karajan.
Exposition Hokusai, Musée Guimet, jusqu'au 7 janvier 2013. Plein tarif 8 euros
Merci encore pour cette belle critique qui donne envie de courir au musée Guimet..
RépondreSupprimerJ'ai découvert Hokusai lors d'une exposition en 2008 je crois et toujours à Guimet, ça a vraiment été une vrai émotion de le découvrir !
que de talent, de modernité et de poésie dans ses oeuvres, que de bonheur de découvrir un tel artiste ! car hormis la vague, je ne connaissais rien de lui.
Je vais donc profiter de ce beau moment que nous offre à nouveau le musée Guimet et aller revoir ce talentueux artiste
ps : tu as trouvée quelque chose sur la jarretière de Marlène Dietrich...
Moi aussi je ne connaissais que La vague mais le reste de son oeuvre est effectivement magique et époustoufflante ! Quant à la fameuse jarretière, oui j'ai trouvé quelque chose...A suivre dans In the mood ;-)
SupprimerEncore un bel article.
RépondreSupprimerPassionné par le Japon, j'ai vraiment envie d'aller faire cet expo. mais ca va etre chaud question timing :(
Trop de truc à voir sur Paris... heureusement que tu me fais mes fiches de lecture... pardon, de visite :)
Oui c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses voir en cette fin d'année et j'ai l'impression de passer à côté de mille expos intéressantes....
SupprimerMerci pour ton commentaire et ton partage twitter mon ami :-)