samedi 15 décembre 2012

La grande vague d’Hokusai au Musée Guimet





Dans un sondage publié en 2000, le magazine Life a enquêté sur les artistes les plus importants de l’histoire de l’art. Hokusai est arrivé en dix septième place, devant Picasso. C’est vous dire l’importance de cet artiste, qui fascina Van Gogh, Monet, Degas, Renoir, Pissaro et Klimt.
Peintre, dessinateur, graveur, auteur de traités techniques et esthétiques, et illustrateur de romans (on en compte plus de mille à son actif), il vécut presque quatre vingt dix ans (1760-1849), et sa création s’étend sur plus de sept décennies.

En une quarantaine d’estampes, le Musée Guimet nous offre une rétrospective exceptionnelle de cet artiste Japonais.
Hokusai représente avec un coup de crayon inégalé la nature dans ce qu’elle a de plus puissant par rapport à l’homme. Sous la grande vague en est certainement l’exemple le plus éclatant et aussi le plus connu. Si le format est beaucoup plus petit que je ne m’y attendais, cette estampe est superbe de force et de modernité. Elle nous engloutit littéralement, comme elle engloutit la petite embarcation qui tente de lutter au centre du dessin. Le niveau de détails, la profondeur du paysage, l'écume qui retombe en fines gouttelettes, tout y est criant de vie.
Cette représentation d’un instantané, telle une photo, est caractéristique de l’Ukuyo-e qui signifie « images d’un monde éphémère et flottant ».

Sous la grande vague (ou Sous la vague au large de Kanagawa) fait partie d’un travail de trente six estampes éditées entre 1831 et 1833 et qui figurent le Mont Fuji depuis différents lieux, suivant les saisons. Cette série est l’une des premières entièrement consacrée au paysage mais réalisée en grand format. En cela Hokusai a révolutionné la peinture de l’époque. Le musée Guimet nous en dévoile neuf d’entre elles. Mais l’exposition ne s’arrête pas là. Elle nous propose également des œuvres moins connues comme des esquisses et des estampes de fleurs absolument superbes, des scènes théâtrales tirées des Cents contes de fantômes, inspirées des Kabuki (pièces de théâtres), ainsi que quelques pages d’albums de kyoka (poèmes humoristiques de trente et une syllabes).





A noter aussi une superbe esquisse , Le guerrier sur un cheval cabré, datée de 1830, travaillée à l’encre de Chine sur du papier fin doublé. Absolument magnifique.



Cet artiste excentrique s'il en est (il changea de signature plus de cinquante fois!) vivait son art avec passion et sans limite, remettant sans cesse en cause sa façon de voir le monde. Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Si je m’en donne le mal, j’aurais fait à quatre vingt ans de nouveaux progrès et à quatre vingt dix ans je pourrais lever les dernier secrets. Quand j’aurai cent ans, les traits et points se rempliront tous seul de vie. Que le dieu de la longue vie veille à ce que ma conviction ne soit pas une vaine parole", écrivait-il dans la postface aux Cent vues du mont Fuji. 


Une très belle exposition pour laquelle je vous recommande d’éviter les heures de grandes affluences. Elle se tient en effet dans une toute petite salle ce qui ne facilite pas l’accès aux œuvres. Le succès est tel que le Musée Guimet joue les prolongations avec vingt nouvelles oeuvres jusqu’au 7 janvier 2013, une sacré aubaine pour ceux d’entre vous qui souhaitent s’y rendre.

Vagabondage : Sous la grande vague eut une influence majeure sur Claude Debussy lorsqu’il composa La mer. D’ailleurs, la couverture de l'édition originale de 1905 reproduisait l’estampe d’Hokusai. 
Trois mouvements constituent l’oeuvre : De l’aube à midi sur la mer, Jeux de vagues, et Dialogue du vent et de la mer. Je vous propose de vous laisser porter par la version du Philarmonique de Berlin dirigée par Herbert Von Karajan.



 Exposition Hokusai, Musée Guimet, jusqu'au 7 janvier 2013. Plein tarif 8 euros



4 commentaires:

  1. Merci encore pour cette belle critique qui donne envie de courir au musée Guimet..
    J'ai découvert Hokusai lors d'une exposition en 2008 je crois et toujours à Guimet, ça a vraiment été une vrai émotion de le découvrir !
    que de talent, de modernité et de poésie dans ses oeuvres, que de bonheur de découvrir un tel artiste ! car hormis la vague, je ne connaissais rien de lui.
    Je vais donc profiter de ce beau moment que nous offre à nouveau le musée Guimet et aller revoir ce talentueux artiste
    ps : tu as trouvée quelque chose sur la jarretière de Marlène Dietrich...

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    1. Moi aussi je ne connaissais que La vague mais le reste de son oeuvre est effectivement magique et époustoufflante ! Quant à la fameuse jarretière, oui j'ai trouvé quelque chose...A suivre dans In the mood ;-)

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  2. Encore un bel article.
    Passionné par le Japon, j'ai vraiment envie d'aller faire cet expo. mais ca va etre chaud question timing :(
    Trop de truc à voir sur Paris... heureusement que tu me fais mes fiches de lecture... pardon, de visite :)

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    1. Oui c'est vrai qu'il y a beaucoup de choses voir en cette fin d'année et j'ai l'impression de passer à côté de mille expos intéressantes....
      Merci pour ton commentaire et ton partage twitter mon ami :-)

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