samedi 18 mai 2013

THE POLITICAL LINE : GRAND FORMAT KEITH HARING


La plus grande rétrospective européenne de Keith Haring se tient actuellement à Paris, grâce à deux expositions simultanées qui lui sont consacrées, l’une au Musée d’Art moderne, l’autre au Centquatre. C’est cette dernière que je suis allée voir.

Un petit mot sur le Centquatre tout d’abord. C’est la première fois que je m’y rendais et ce fut une agréable surprise. Dans cet immense espace dédié aux arts vivants, vous pouvez vous entraîner gratuitement à votre activité favorite. Ce centre culturel, qui accueillait précédemment les Pompes funèbres de Paris, est composé de bâtiments industriels en briques, de vastes cours, d’anciennes écuries, de magnifiques caves, tous entièrement rénovés. Inondé de lumière grâce à de grandes verrières, ce temple de la culture se prête sans aucun doute à la création. Ici un groupe tente une chorégraphie, là, deux étudiantes répètent une scène de théâtre, là encore une jeune fille, casque sur les oreilles, fait des vocalises…et tout ce petit monde cohabite de manière conviviale et sympathique.

Le Centquatre est donc l’endroit idéal pour accueillir les œuvres monumentales de Keith Haring (1958-1990). Cet artiste majeur du Xxème siècle, référence incontournable du style Pop art graffiti, est avant tout un homme engagé, dont la peinture exprime ses révoltes, ses peurs ou ses doutes.

Les traits reconnaissables, simples, presque enfantins, de ses silhouettes multicolores, qui s’enchevêtrent et se répètent à l’infini,  nous racontent une histoire, tels des hiéroglyphes qui nous sont donnés à déchiffrer. Le message est sans appel : nous sommes en sursis dans un monde voué à une fin prochaine : sida, nucléaire, drogue, racisme, société de consommation, puissance des médias...les thèmes abordés ne prêtent pas à l’optimisme ! Haring nous projette dans un monde psychédélique et pourtant bien réel, qui se compose de bébés, de serpents, de croix, de billets, de télévisions…






Le propre de l’art populaire étant d’être vu par tous, l'artiste peignait ses toiles sur d’immenses bâches, donnant lieu à des œuvres grandioses, tels
les dix commandements, réalisés en 1985. Une interprétation de la Bible  très personnelle ! Vous dire que j’ai tout compris, certainement pas, car les peintures grouillent de signes, de croix à l’envers ou à l’endroit, et de couleurs, qui ont sans doute chacun leur propre signification. Mais je suis restée subjuguée par la force et le mouvement qui se dégagent de ces peintures.


Évidemment vous ne pourrez pas passer à côté du magistral Mariage du ciel et de l’enfer, une toile de cent mètres carrés qui avait été utilisée pour la chorégraphie éponyme de Roland Petit, alors à la tête du ballet national de Marseille. Absolument incroyable, surtout lorsque l’on sait qu’Haring n'exécutait aucun travail préparatoire avant de se lancer ! Il a travaillé à cette oeuvre durant deux jours non-stop. Cela vous donne une idée de sa vitalité et de son énergie.






Keith Haring était un artiste prolifique qui dessinait selon son impulsion et le support  ou les surfaces qu’il avait sous la main, allant jusqu'à peindre sur les fesses de Grâce Jones ! Il a réalisé dix mille dessins en cinq ans, sur les panneaux publicitaires des stations de métro. Décrochés de manière totalement illicite par des gens qui adoraient ce qu’ils faisaient, vous pourrez en contempler quelques uns au Musée d’Art Moderne de Paris. Je ne m’y suis pas encore rendue mais cette exposition est sur ma "Mistyliste". Bon plan : vous aurez droit à une réduction en présentant le billet d'entrée du Centquatre.






Vous l’aurez compris, vous ne pouvez pas manquer la rétrospective incontournable de cet artiste surdoué, emporté  trop tôt, à l’âge de 31 ans, par le Sida. Alors si vous ne savez pas quoi faire ce week-end, c’est le moment !


Le CENTQUATRE, 5 rue Curial-Paris (19e arr.) - m° Riquet
Du mardi au dimanche de 13h à 19h30
Tarif : 8€









2 commentaires:

  1. Pourriez-vous me dire jusqu'à quand se tient cette expo ? C'est parfait par ce temps pourri ! Merci pour votre chronique et votre site très intéressant, dont l'écriture est soignée.

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  2. Bonjour Alain, bienvenu sur ce site et merci pour votre commentaire. L'exposition se tient au 104 jusqu'au 18 août ce qui vous laisse encore quelques journées pluvieuses pour en profiter :-) A bientôt.

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