dimanche 16 juin 2013

LE PASSAGER (Jean-Christophe Grangé)

De la passion, du suspens, de l’aventure, c’est tout cela que nous fait vivre Jean-Christophe Grangé avec Le Passager. Pour le premier roman que je lis de l’auteur des Rivières pourpres, je ne suis pas déçue ! Un bon vrai polar comme je les aime.

La psychologie désigne sous le nom de fugue une conduite de déambulation, d'errance, de migration, de vagabondage qui éloigne brusquement le sujet de son foyer et de son environnement habituel. Dans les cas pathologiques, l'individu induit à prendre la fuite et à divaguer perd le sentiment de son identité, du lieu où il se trouve, voire de son origine (Encyclopédie Universalis)

Avez-vous déjà rêvé de changer de vie et de repartir à zéro ? Mathias Freire, lui, n’a rien demandé. Pourtant, atteint d’une pathologie curieuse, le syndrome du voyageur sans bagage ou fugue psychyque, il passe d’une vie à l’autre, incarnant ainsi des personnages multiples : Victor, Narcisse, Nono, François. Tous sont différents mais ne font qu’un. Le problème c’est qu’ils sont directement liés à des crimes rituels odieux et l’instabilité psychologique de notre homme en fait un suspect idéal. Une jeune capitaine de police bordelaise, Anaïs Chatelet, est sur le coup, et tente de reconstituer le puzzle, alors que Mathias mène sa propre enquête pour découvrir qui il est vraiment. D’identité en identité, l’intrigue nous mène de Bordeaux à Marseille, en passant par Nice et Paris, pour se terminer à La Rochelle. Ca serait presque simple si ça s’arrêtait là, mais d’autres ingrédients viennent complexifier l’affaire : collectionneurs d’œuvres d’art, expérimentations médicales, asiles psychiatriques, faussaires…
  
Tout est là pour nous tenir en haleine, même si, parfois, je me suis dit que Grangé aurait pu s’affranchir de passages inutiles et éviter ainsi quelques longueurs.
Chacune des cinq parties qui constituent les sept cent cinquante pages de ce roman nous entraîne d’un personnage à l’autre. Les chapitres courts, ouvrent sur la suite, nous incitant à ne pas refermer le livre avant d’en savoir plus. En faisant ma petite enquête sur l’auteur je n’ai pas été surprise d’apprendre qu’il a été grand reporter (il a même obtenu le prix Reuter et le prix World Press, deux récompenses prestigieuses). En effet, au-delà de l’intrique policière, c’est une enquête journalistique que Grangé réalise, avec une documentation poussée sur les différents milieux dans lesquels il nous entraîne.
Cependant, je me suis parfois interrogée sur ses partis pris. Par exemple, l’auteur nous immerge dans les bas fonds de Marseille et de Bordeaux : SDF, gangs, drogue, il nous dresse un tableau sans concession d’un monde dur et cruel. A plusieurs reprises, le héro se rend compte qu’il voue une haine viscérale à ces marginaux, des rebus de la société qui n’ont que ce qu’ils méritent, sans parvenir à expliquer pourquoi. JC Grangé lui prête ces mots :
…Après la peur, l’appréhension, le dégoût, il éprouvait maintenant une aversion féroce pour ces être dégénérés. Il s’arrêta sur la violence de son sentiment. Avait-il une raison intime de détester les clochards ?
D’autres passages m’ont mis la puce l’oreille comme le portrait qu’il fait des roumains qui tueraient leurs mères pour un ticket restaurant.
Je m’attendais à ce qu’une révélation intervienne à la fin du roman, pour expliquer ce rejet et cette virulence, mais rien…Du coup je me suis demandée si ça n’était pas juste une façon pour l'auteur à succés de faire passer des idées "borderline"… J’ai alors tenté de chercher sur internet des indices quant à ses opinions et j’ai découvert que, pour les fins de son roman, il avait fait quelques maraudes à Marseille, avec le Samu social, afin d’être au plus près de la vérité. Il décrit un milieu terrifiant et crasseux que l’on imagine sans peine être la réalité. Mais aucune empathie ne transpire. C'est sans doute cela qui m'a gênée et qui ressort dans le livre. Par exemple, je m’attendais à ce que Mathias Freire ait un minimum de reconnaissance pour l’un des clochards qui lui vient en aide et lui sauve la vie à plusieurs reprises, mais même ce dernier ne trouve grâce à ses yeux. A défaut de comprendre pourquoi, ça ne le rend pas très sympathique. 

Malgré tout, si l’on s’en tient à l’intrigue policière, j’ai trouvé que Le passager est un très bon polar, digne de certains thrillers américains.


Vagabondage :
Right where it belongs, de Nine Inch Nails…. Anaïs Chatelet, l’écoute dans sa voiture durant son enquête. Les paroles et la musique sont particulièrement bien adaptées au roman. Pour les fans, le groupe de rock industriel participera à Rock en Seine du 23 au 25 août 2013.




Le Passager, de Jean-Christophe Grangé. Aux éditions Livre de Poche. 9,40€

6 commentaires:

  1. j'ai découvert Grangé il y a 3 ans environ, et depuis j'ai lu une bonne partie de sa production. j'en ai aimé certains ( Le serment des limbes, le vol des cigognes, Miserere, le passager) et pas du tout accrochée avec d'autres ( la foret des mânes, Kaiken, la ligne noire), mais c'est vrai que pour certains on reste bien scotché et on a envie de finir le livre au plus vite...

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    1. Oui, je pense que je ne vais pas m'en tenir là et en essayer quelques autres. Je te dirai ce que j'en pense :-)

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  2. Je vais peut être tenter une nouvelle lecture de Grangé.
    Pour être honnête, dès que je rentre dans un roman de cet auteur, je n'arrive plus à lâcher le livre. On peut dire qu'il sait capter son lectorat.
    Mais à chaque fois, je termine par une grande déception car si force est de constater qu'il sait emmener son lecteur à un point orgasmique, on peut aussi constater qu'il ne sait pas conclure.... Et l'orgasme tourne en déconfiture et déconvenue.
    À chaque fois donc, je me promets qu'on ne m'y reprendra plus... Et que je n'achèterai plus de livres de Grangé tant ma frustration est grande à chaque fois.

    M'aurais tu convaincu? Le rythme est égal de bout en bout? Pas de conclusion hâtive, bâclée?
    Je vais donc tout de suite télécharger le roman en version électronique et je te ferai part de mon impression rapidement.
    Bien à toi MnM
    C.

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    1. Merci pour ton post Cédric. Comme c'est le premier roman que je lis de Grangé je ne peux pas te dire s'il est mieux ou moins bien que les autres, mais en revanche, il m'a donné envie d'en lire d'autres. La fin de celui ci est sans doute un peu rocambolesque mais elle en vaut d'autres :-) Bref, hâte que tu me dises ce que tu en pense ! Biz

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  3. Et bien moi, je ne connais de Grangé que les adaptations cinématographiques, et pas ces romans. Je crois bien que je vais me laisser tenter et lui trouver une place dans ma Mistytheque. Si ambiance sombrte comme dans les films, je prends :-)
    Te dirai ce que j'en ai pensé bien entendu...

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    1. En fait Leeloo, je n'ai même pas vu les films....A voir? La bise

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