
Charlotte, c’est
d’abord l’histoire d’une obsession. Celle
de David Foenkinos pour Charlotte Salomon, artiste peintre, allemande, juive.
Il nous raconte une jeune
fille dont la vie est ponctuée de suicides, de sa tante à sa mère en passant
par sa grand-mère. A croire que le suicide est une affaire de gènes. C’est avec
ce lourd fardeau que la personnalité de Charlotte se construit, dans le Berlin antisémite des années 40. Comme toute adolescente, elle a des rêves, des amours, des
questionnements. Mais Charlotte est juive. Confrontée à la haine ambiante, elle va apprendre et mûrir plus rapidement que ses
camarades.
Fantasque, sombre et
mélancolique, mais aussi pleine de passion et d’amour, c’est par la peinture
qu’elle va exprimer ses sentiments. Durant sa courte vie, elle a été plus que
prolixe, comme si elle savait ses jours comptés et qu’il était urgent de ne pas
s’arrêter.
Elle meurt à vingt six ans,
enceinte, dans le camp d’Auschwitz à la suite de la dénonciation d’une âme
patriote alors qu’elle séjourne en France.
David Foenkinos signe ici son treizième roman. Les critiques n’ont pas été tendres à son
égard : superficiel, écrit dans l’optique du prix Goncourt, tentative
échouée de s’acheter une crédibilité littéraire… Et bien, je ne suis pas du
tout d’accord avec cela. Tout d’abord soulignons le fait que Foenkinos a changé
de style d'écriture pour ce roman, tout en gardant ce qui fait sa marque. Ainsi, comme il
l’explique lui même, il a écrit ce livre comme une prose, un poème dédié tout
entier à Charlotte. Les phrases sont courtes, parfois sans verbes. Au départ,
ça surprend ! Mais je me suis très vite habituée et surtout j’ai
retrouvé ce que j’aime chez cet auteur : le sens de la formule :
Il faut être optimiste, se dire que la haine est
périssable.
Elle ne veut pas être veuve. Déjà qu’elle
est…Tiens, quel est le mot utilisé quand on perd sa sœur? Il n’en existe pas,
on ne dit rien. Le dictionnaire est parfois pudique. Comme lui-même effrayé par
la douleur.
On aurait dit le brouillon d’un rendez-vous.
L’histoire de Charlotte
est entrecoupée de scènes du présent, dans lesquelles Foenkinos nous parle de
ce qu’il ressent au fil de ses découvertes. Car c’est une véritable enquête
qu’il mène pour retrouver les lieux où a séjourné son héroïne ou interviewer quelques survivants qui pourraient l'éclairer.
Foenkinos m’a touchée au
cœur, tant et si bien que j’ai parfois eu du mal à poursuivre ma lecture. A
plusieurs reprises, je me suis dit que je ne pourrai pas aller au bout
tant les sentiments générés étaient puissants : tristesse, injustice,
révolte !
David Foenkinos est passé à côté du prix Goncourt
mais a eu le prix Renaudot.
Peu importe le prix,
pourvu qu’on ait le plaisir, et avec ce roman poignant et émouvant, c’est un
pari gagné.
Vagabondage :
Comme le dit Foenkinos Créer une œuvre c’est créer un monde. Charlotte Salomon nous laisse SON monde au travers de plusieurs centaines d’œuvres fortes en émotions.
Mieux que des mots, une
rétrospective en vidéo
Charlotte
de David Foenkinos, paru aux éditions Gallimard en août 2014. 18,50€ ou 12,99€ format
Kindle
On vient de m'offrir ce livre. Je n'ai lu que le premier paragraphe de ton post, parce que je ne veux pas de "spoiler" avant que je n'ai fini de le lire. Il me plait beaucoup pour le moment
RépondreSupprimerMerci Juliann. J'ai hâte de connaître tes impressions à la fin de ta lecture!
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