Nostalgie : nom féminin (latin
scientifique nostalgia, du
grec nostos, retour, et algos, douleur). Regret attendri ou désir
vague, accompagné de mélancolie.
On
pourrait ajouter à cette définition du Larousse 2014 : teinte les quatre-cent-soixante-seize pages d'Une famille délicieuse, le dernier roman de Willa Marsh traduit en français.
Il paraît que toutes les familles ont leurs petits
secrets, bien rangés dans des tiroirs dont seuls quelques privilégiés ont la clé. Ceux dont regorge les personnages de Willa Marsh valent leur pesant d’or. Nest et Mina, deux sœurs d’une fratrie de six enfants, vivent leur
retraite ensemble dans leur maison de famille, au sud-est de l’Angleterre.
Elles sont liées par une tendre complicité mais aussi par les circonstances de
la vie. Mina veille sur Nest, clouée dans un fauteuil roulant suite à un
accident de voiture. Tout se passe bien, jusqu’à l’arrivée de leur sœur aînée,
Georgie, qui commence à perdre les pédales et menace de révéler des secrets
dont personne n’a vraiment envie qu’ils soient divulgués. Souvenirs, non-dits et mystères deviennent alors le quotidien des trois sœurs. Leur nièce Lyddie,
qui connaît une histoire d’amour
compliquée, trouve refuge chez ses veilles tantes, et sera elle-même au cœur des
révélations.
Ce roman de Willa Marsh est telle une meringue
(pâtisserie que j’aime particulièrement...). On
le savoure, lentement, on en apprécie le goût, la consistance, la légèreté.
Parfois ça colle un peu aux dents mais la suite n’en est que plus appréciée.
Comme à son habitude, Willa Marsh nous offre une écriture recherchée et subtile
et nous plonge ainsi dans l’atmosphère surannée d’Ottercombe house, la maison de Mina et Nest.
Pouvons-nous
nous construire sur des mensonges et des cachotteries? Quelles en sont les
conséquences? Toutes les vérités sont elles bonnes à dire ? Pour
répondre à ces questions, Willa Marsh créé des ponts entre le passé et le
présent. Deux mondes parallèles se font face : celui de jeunes filles,
passionnées, amoureuses, désirant réussir leur vie, et en regard, celui de vieilles dames
que les années et les événements ont rendu sages et circonspectes. Tous les
choix effectués des décennies plus tôt poursuivent les protagonistes et finissent
par ressurgir, libérant ainsi les esprits et faisant rejaillir la petite flamme d’une jeunesse à jamais révolue.
Si Une famille
délicieuse est un roman nostalgique il n’est n’en est pas moins plein
d’espoir et nous décrit une société, sans doute idéalisée par l’auteur de soixante-neuf ans, où les
plus jeunes prennent le relais de leurs aînés, tendrement et naturellement.
Ca
réchauffe le cœur et cela nous rappelle que nous ne sommes rien les uns sans
les autres, tous interdépendants, unis à travers les générations.
Ajoutez à cette morale bien-pensante une intrigue qui m'a tenue en haleine jusqu'au dénouement et vous aurez un cocktail Marshien réussi !
Un petit bémol à ce plaisir de lecture : les chiens sont considérés comme des
personnages à part entière et tiennent une place très importante dans ce roman, sans rien apporter de vraiment intéressant. Des passages entiers consacrés à nos amis à
quatre pattes ont parfois eu raison de ma patience. Sans doute Willa Marsh voue-t-elle une admiration sans borne à la race canine mais personnellement j'en suis loin et j'ai même été tentée de sauter quelques lignes... Définitivement je préfère les chats!
Pour tout savoir des innombrables cadavres cachés dans les placards de cette famille délicieuse, ouvrez ce livre apaisant et
distrayant.
Une famille délicieuse de
Willa Marsh. Traduit de l’anglais par Erice McComber. Paru aux éditions Autrement en 2014. 22€ ou format Kindle
14,99€.
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