dimanche 23 novembre 2014

UNE FAMILLE DELICIEUSE (Willa Marsh)

Nostalgie : nom féminin (latin scientifique nostalgia, du grec nostos, retour, et algos, douleur). Regret attendri ou désir vague, accompagné de mélancolie.
On pourrait ajouter à cette définition du Larousse 2014 : teinte les quatre-cent-soixante-seize pages d'Une famille délicieuse, le dernier roman de Willa Marsh traduit en français.


Il paraît que toutes les familles ont leurs petits secrets, bien rangés dans des tiroirs dont seuls quelques privilégiés ont la clé. Ceux dont regorge les personnages de Willa Marsh valent leur pesant d’or. Nest et Mina, deux sœurs d’une fratrie de six enfants, vivent leur retraite ensemble dans leur maison de famille, au sud-est de l’Angleterre. Elles sont liées par une tendre complicité mais aussi par les circonstances de la vie. Mina veille sur Nest, clouée dans un fauteuil roulant suite à un accident de voiture. Tout se passe bien, jusqu’à l’arrivée de leur sœur aînée, Georgie, qui commence à perdre les pédales et menace de révéler des secrets dont personne n’a vraiment envie qu’ils soient divulgués. Souvenirs, non-dits et mystères deviennent alors le quotidien des trois sœurs. Leur nièce Lyddie, qui  connaît une histoire d’amour compliquée, trouve refuge chez ses veilles tantes, et sera elle-même au cœur des révélations.

Ce roman de Willa Marsh est telle une meringue (pâtisserie que j’aime particulièrement...). On le savoure, lentement, on en apprécie le goût, la consistance, la légèreté. Parfois ça colle un peu aux dents mais la suite n’en est que plus appréciée. Comme à son habitude, Willa Marsh nous offre une écriture recherchée et subtile et nous plonge ainsi dans l’atmosphère surannée d’Ottercombe house, la maison de Mina et Nest.
Pouvons-nous nous construire sur des mensonges et des cachotteries? Quelles en sont les conséquences? Toutes les vérités sont elles bonnes à dire ? Pour répondre à ces questions, Willa Marsh créé des ponts entre le passé et le présent. Deux mondes parallèles se font face : celui de jeunes filles, passionnées, amoureuses, désirant réussir leur vie, et en regard, celui de vieilles dames que les années et les événements ont rendu sages et circonspectes. Tous les choix effectués des décennies plus tôt poursuivent les protagonistes et finissent par ressurgir, libérant ainsi les esprits et faisant rejaillir la petite flamme d’une jeunesse à jamais révolue.

Si Une famille délicieuse est un roman nostalgique il n’est n’en est pas moins plein d’espoir et nous décrit une société, sans doute idéalisée par l’auteur de soixante-neuf ans, où les plus jeunes prennent le relais de leurs aînés, tendrement et naturellement.
Ca réchauffe le cœur et cela nous rappelle que nous ne sommes rien les uns sans les autres, tous interdépendants, unis à travers les générations.
Ajoutez à cette morale bien-pensante une intrigue qui m'a tenue en haleine jusqu'au dénouement et vous aurez un cocktail Marshien réussi !
Un petit bémol à ce plaisir de lecture : les chiens sont considérés comme des personnages à part entière et tiennent une place très importante dans ce roman, sans rien apporter de vraiment intéressant. Des passages entiers consacrés à nos amis à quatre pattes ont parfois eu raison de ma patience. Sans doute Willa Marsh voue-t-elle une admiration sans borne à la race canine mais personnellement j'en suis loin et j'ai même été tentée de sauter quelques lignes... Définitivement je préfère les chats!

Pour tout savoir des innombrables cadavres cachés dans les placards de cette famille délicieuse, ouvrez ce livre apaisant et distrayant.



Une famille délicieuse de Willa Marsh. Traduit de l’anglais par Erice McComber. Paru aux éditions Autrement en 2014. 22€ ou format Kindle 14,99€.

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