
Pour son premier long métrage JC Chandor a frappé
juste avec un sujet palpitant et un casting alléchant. Et bien que je n’entende pas grand-chose aux
subtilités boursières ni à l’univers de la finance, j’ai trouvé ce film limpide
et passionnant.
Des traders, jeunes surdoués de la
finance qui surfent sur la chance, aux grands pontes impitoyables et dénués de
tout scrupule en passant par les patrons qui doivent quelques fois rendre des
comptes, le film souligne le dédain de ces hommes pour les gens du peuple concernés
au premier chef quand les cordons de la bourse se rompent. La scène de
l’ascenseur où Demi Moore et Simon Baker discutent de la crise en ignorant
totalement la femme de ménage qui se trouve entre eux est en cela révélatrice.
On touche l’intimité de ces chefs d’orchestre de la Bourse, déconnectés de la réalité, qui manipulent chaque jour des millions et
comprennent soudain qu’une mauvaise projection ou une erreur d’interprétation
peut avoir des conséquences dramatiques pour eux et pour le monde. Cela m’a un peu fait penser au début de La haine, le film de Kassovitz, lorsque
tout du long de sa chute du cinquantième étage, le héros se répète : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va
bien, jusqu’ici tout va bien.
Une autre chose m’a
choquée : le manque d’expertise des dirigeants de la société qui ont
besoin qu’on leur « traduise » les chiffres qui leurs sont présentés.
On en vient à se demander comment ils sont arrivés à de tels postes. Car c’est entre
leurs mains que se joue l’avenir du système financier, et par voie de
conséquences, celui de millions de petits épargnants.
Ces « maîtres de
l’Univers » m’on fait penser à des funambules, entre chance et
concentration.
Le scénario est servi par une pléiade d’acteurs
magistraux. Kevin Spacey en bras
droit de la société, plus ému par la mort de son chien que par les
licenciements qu’il vient d’ordonner, nous révolte par son manque de scrupule et
de remord.
Le personnage de Jeremy
Irons, apparemment inspiré de Richard S. Fuld, ex-patron de Lehman Brothers, est
tout entier à sa devise : Dans notre
métier, il faut être le premier, le meilleur, ou tricher. On comprend mieux
comment l’apocalypse financière de 2009 a pu avoir lieu avec une telle
philosophie.
Quant au jeune trader, interprété
par Zachary Quinto, il est éloquent. Ingénieur de formation, il a choisi de
travailler dans une société financière pour gagner plus, sans voir plus loin.
Et puis, il y a aussi Demi
Moore, excellente dans le rôle de celle que l’on sacrifie sur l’autel du Dieu
finance, car il faut toujours un coupable.
On aimerait que tout cela
ne soit qu’une caricature mais, Margin Call nous rend compte de manière
factuelle d’une situation cruelle et bien réelle. En soulignant les failles du
système capitalisme et la folie de l’époque, ce film, pour le moins efficace,
donne matière à réflexion. Est-ce que les choses ont changé ? Est-ce que
l’éthique dans les affaires ça existe ? On continue d’en douter…
Vagabondage : Tout cela pourrait prêter à rire si ce n’était pas si grave ! C’est le parti qu’ont pris « Les inconnus » dans un sketch que je trouve bien proche de la réalité.
J'ai entendu beaucoup de bien de ce film, et tu confirmes ces critiques.
RépondreSupprimerJe suis étonnée qui tu sois étonnée par "le manque d’expertise des dirigeants de la société qui ont besoin qu’on leur « traduise » les chiffres qui leurs sont présentés. On en vient à se demander comment ils sont arrivés à de tels postes". Franchement ça ne te rappelle rien ?
Parfois on se dit que l'on passe à côté de désastres à chaque minute et c'est le cas, mais pour faire une catastrophe il faut que les dysfonctionnements coincident et c'est rare. Mais on vit sur un miracle continuel, toujours sur le fi. Et si la vie est merveilleusement bien faite, quand l'argent s'en mêle c'est le désastre assuré.
Vive l'amour et l'eau fraîche !
Kate
Ah que veux tu Kate, je suis sûrement encore bien naïve......Tu as raison, Vive l'amour et l'eau fraîche, il n'y a que ça de vrai !!!
Supprimerreste telle que tu es, le monde a assez de cyniques pour tourner :-)
Supprimer