
La majorité des psychopathes vivent dans la peur de
commettre une agression et sont, autant que des sujets normaux, dominés par la
culpabilité et l’anxiété vis-à-vis de leurs actes. Voilà qui définit parfaitement le comportement
d’Arthur Johnson, vieux garçon, locataire d’une chambre au 142 Trinity road à Londres. Il
connaît les moindres recoins du petit immeuble qui abrite son logis, et en
particulier la cave, endroit idéal pour assouvir ses fantasmes…jusqu’à
l’arrivée d’un autre Johnson, Anthony, étudiant
en psychologie, qui va bien involontairement bousculer les habitudes de son
homonyme. Les conséquences seront irréversibles.
Dès l’introduction le
décor est planté. Une poupée gonflable au fond d’une cave, un psychopathe tueur
en série, une pension de famille dont les locataires sont légèrement timbrés et un universitaire tellement centré sur ses
problèmes qu’il ne s’aperçoit même pas qu’il côtoie tous les jours un individu
parfait pour étayer son mémoire en sociologie. Comme on dit, ce sont les cordonniers les plus
mal chaussés ! Les malentendus s’enchaînent entre Arthur et Anthony, tissant
une relation entre peur, pitié et vengeance. Chacun pense savoir ce que l’autre
a dans la tête alors qu’il n’en est rien. Ce qui est important pour l’un ne
semble que futilité pour l’autre et vice et versa.
Ruth Rendell excelle dans le
descriptif de ces relations qui, appliquées à des cas extrêmes, peuvent avoir
des implications fatales. Mais si l’on y réfléchit bien, c’est de notre
quotidien dont elle nous parle. Combien de fois interprétons nous les
pensées des autres en fonction de notre humeur, notre vécu, notre
personnalité ? Combien de fois prêtons-nous à nos interlocuteurs des intentions qui se révèlent être tout à fait à côté de la plaque. Il est un
exercice en thérapie de couple qui consiste à débloquer la communication de la manière suivante : l’un
dit quelque chose, et l’autre doit ensuite retranscrire, avec ses propres mots,
ce qu’il a compris. Bien souvent, il y a un fossé entre l’intention et
l’interprétation, générateur de malaises et de quiproquos. C'est précisément ce qu'il se passe entre nos deux protagonistes.
Et puis dans les romans de
Ruth Rendell, il y a toujours mille et une réflexions dans lesquelles on se
retrouve. Par exemple : Des années
de vie à l’université, en chambre d’hôtes ou à l’hôtel lui avaient appris comme
c’était idiot de vouloir se faire des amis à tout prix. Tôt ou tard, on finit
toujours par rencontrer les deux ou trois personnes à qui on a vraiment envie
de se lier, et on se retrouve encombré par les bouche-trous.
Je ne sais pas vous, mais
moi ça me parle !
Bref, comme à son
habitude, la Baronne Rendell de Babergh (elle siège à ce titre à la maison des
lords depuis 1997 comme députée du parti travailliste), décortique l’âme humaine
de manière magistrale.
A lire d'une traite !
Un démon sous mes yeux, paru en 2013 aux éditions Le masque
et la plume. Traduit de l’anglais par Bérénice Vivien. 5,49€ version Kindle chez Amazon
je n'ai jamais lu Ruth Rendelle (honte à moi), je vais y remédier ... encore merci Misty !
RépondreSupprimerEt oui la communication ne passes jamais par le "tu" mais par le "je". L'enfer c'est les autres, il parait mais c'est surtout ce que nous croyons savoir des autres.
Et comme dit mon fils : "il est bizarre celui là, il devrait aller voir un psychopathe !"
Kate
Tu as raison Kate, encore une fois;-) ce que nous pensons savoir des autres et souvent très différent de la réalité.. En tous cas il m'a bien fait rire ton fils ;-))
Supprimerje reviens par ici et en relisant mon commentaire je vois toutes ces fautes .... vraiment écrire depuis un mobile c'est le début de la fin !
SupprimerAh, infernal T9!!!
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