lundi 26 août 2013

UN DEMON SOUS MES YEUX (Ruth Rendell)

Je ne suis jamais déçue par un Ruth Rendell ! La reine du thriller psychologique m’a une nouvelle fois plongée au cœur d’une intrigue haletante. Ce roman publié en 1976 sous le titre L’enveloppe mauve a été récemment réédité sous un autre plus conforme à l’orignal A demon in my view. Il a valu à l’auteur le premier des six Dagger Awards qu’elle reçus pendant sa carrière. 

La majorité des psychopathes vivent dans la peur de commettre une agression et sont, autant que des sujets normaux, dominés par la culpabilité et l’anxiété vis-à-vis de leurs actes. Voilà qui définit parfaitement le comportement d’Arthur Johnson, vieux garçon, locataire d’une chambre au 142 Trinity road à Londres. Il connaît les moindres recoins du petit immeuble qui abrite son logis, et en particulier la cave, endroit idéal pour assouvir ses fantasmes…jusqu’à l’arrivée d’un autre Johnson, Anthony,  étudiant en psychologie, qui va bien involontairement bousculer les habitudes de son homonyme. Les conséquences seront irréversibles.

Dès l’introduction le décor est planté. Une poupée gonflable au fond d’une cave, un psychopathe tueur en série, une pension de famille dont les locataires sont légèrement timbrés et un universitaire tellement centré sur ses problèmes qu’il ne s’aperçoit même pas qu’il côtoie tous les jours un individu parfait pour étayer son mémoire en sociologie. Comme on dit, ce sont les cordonniers les plus mal chaussés ! Les malentendus s’enchaînent entre Arthur et Anthony, tissant une relation entre peur, pitié et vengeance. Chacun pense savoir ce que l’autre a dans la tête alors qu’il n’en est rien. Ce qui est important pour l’un ne semble que futilité pour l’autre et vice et versa. 
Ruth Rendell excelle dans le descriptif de ces relations qui, appliquées à des cas extrêmes, peuvent avoir des implications fatales. Mais si l’on y réfléchit bien, c’est de notre quotidien dont elle nous parle. Combien de fois interprétons nous les pensées des autres en fonction de notre humeur, notre vécu, notre personnalité ? Combien de fois prêtons-nous à nos interlocuteurs des intentions qui se révèlent être tout à fait à côté de la plaque. Il est un exercice en thérapie de couple qui consiste à débloquer la communication de la manière suivante : l’un dit quelque chose, et l’autre doit ensuite retranscrire, avec ses propres mots, ce qu’il a compris. Bien souvent, il y a un fossé entre l’intention et l’interprétation, générateur de malaises et de quiproquos. C'est précisément ce qu'il se passe entre nos deux protagonistes.

Et puis dans les romans de Ruth Rendell, il y a toujours mille et une réflexions dans lesquelles on se retrouve. Par exemple : Des années de vie à l’université, en chambre d’hôtes ou à l’hôtel lui avaient appris comme c’était idiot de vouloir se faire des amis à tout prix. Tôt ou tard, on finit toujours par rencontrer les deux ou trois personnes à qui on a vraiment envie de se lier, et on se retrouve encombré par les bouche-trous.
Je ne sais pas vous, mais moi ça me parle !

Bref, comme à son habitude, la Baronne Rendell de Babergh (elle siège à ce titre à la maison des lords depuis 1997 comme députée du parti travailliste), décortique l’âme humaine de manière magistrale.
A lire d'une traite !


Un démon sous mes yeux, paru en 2013 aux éditions Le masque et la plume. Traduit de l’anglais par Bérénice Vivien. 5,49€ version Kindle chez Amazon

4 commentaires:

  1. je n'ai jamais lu Ruth Rendelle (honte à moi), je vais y remédier ... encore merci Misty !
    Et oui la communication ne passes jamais par le "tu" mais par le "je". L'enfer c'est les autres, il parait mais c'est surtout ce que nous croyons savoir des autres.
    Et comme dit mon fils : "il est bizarre celui là, il devrait aller voir un psychopathe !"
    Kate

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    1. Tu as raison Kate, encore une fois;-) ce que nous pensons savoir des autres et souvent très différent de la réalité.. En tous cas il m'a bien fait rire ton fils ;-))

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    2. je reviens par ici et en relisant mon commentaire je vois toutes ces fautes .... vraiment écrire depuis un mobile c'est le début de la fin !

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