dimanche 12 octobre 2014

BLOODY MIAMI (Tom Wolfe)

Je me souviens de mon premier Emile Zola (Au bonheur des dames), de mon premier Stefan Zweig (La confusion des sentiments), de mon premier Oscar Wilde (Le portrait de Dorian Gray), et bien je me souviendrai également de mon premier Tom Wolfe. Dire que Bloody Miami m’a plu est un euphémisme. J’ai adoré chaque page de ce roman réaliste.

Miami. Ses plages, son soleil brûlant, ses palmiers, ses parcs d’attraction, ses filles en mini shorts, ses voitures de sport… Mais que cache vraiment cette ville ne serait sous ses dehors de frivolité et de vanité ?
Loin des clichés et de la soupe que l’on nous sert dans les séries américaines, Tom Wolfe nous livre les secrets de The gateway to the Americas.

Résumer Bloody Miami en quelques lignes se révèle être un exercice difficile car il s’agit d’un tourbillon de destinées qui s’entrecroisent directement ou indirectement. A commencer par celle de Nestor Camacho, jeune policier cubain, qui, après avoir participé à l’arrestation de l’un des ses compatriotes, se met toute sa communauté à dos. Magdalena, sa petite amie, rêve d’ascension sociale et se brûle les ailes entre un psy sans vergogne et un collectionneur Russe, trafiquant d’œuvres d’art. Un professeur haïtien fait tout pour que l’on prenne ses enfants pour des Anglos (entendez les blancs anglo-saxons). D'autres, bouffés par l'ambition, comme ce patron de presse du Miami Herald ou ce jeune journaliste aux dents longues, ne s'encombrent d'aucune morale. Et puis il y a cette flopée de paumés qui se cherchent, comme ce jeune chef de bande qui sème la terreur dans son lycée. 

A quatre vingt deux ans, Tom Wolfe saisit mieux que personne la fragilité et les contradictions de ce géant que sont les Etats-Unis. Sous sa plume talentueuse, un monde communautariste et sans pitié se fait jour. Les cubains représentent 70% de la population de Miami. Ils tiennent le pouvoir, l’économie, et la société en général. Aux minorités Blacks et Anglos de lutter pour se faire entendre !
Ancien journaliste, l’auteur s'est livré à un véritable travail d’enquête pour nous entraîner dans les dédales de cette société d’immigration aux multiples facettes, où les tensions sont palpables en permanence.
Les personnages sont dépeints à merveille, le style est moderne, l’énergie de l’écrivain présente à chaque page. Les ponctuations et les répétions (un peu déconcertantes au début, je dois l’avouer), donnent du rythme à l’écriture et participent à traduire l’obsession des personnages pour l’argent, le sexe et la réussite sociale. C’est plein d'humour, souvent cynique, surprenant, et ça donne à réfléchir.
Gardons en tête que le titre original de ce livre est Back to blood et l’on comprendra aisément qu’il ne s’agit pas de la description d’une Miami sanguinolente mais plutôt, d’origines, de lignées et de transmission.

Bienvenue dans ce bouillon de cultures qui modifiera sans doute votre perception de cette ville, loin des Experts et autres Miami Vice. Il me tarde désormais de me plonger dans les trois autres romans du grand Tom, à commencer par Le bûcher des vanités!

Et un grand merci à Maxime pour m’avoir conseillé ce roman en début d’année. Vous pouvez retrouver sa critique ici.



Bloody Miami, de Tom Wolfe, traduit de l’américain par Odile Demange. Paru aux éditions Robert Laffont en mars 2013. Format broché 24,50€, format poche 9,80€, format Kindle 12,99€.

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