Je me souviens de mon premier Emile Zola (Au bonheur des dames), de mon premier Stefan
Zweig (La confusion des sentiments),
de mon premier Oscar Wilde (Le portrait
de Dorian Gray), et bien je me souviendrai également de mon premier Tom
Wolfe. Dire que Bloody Miami m’a plu est un euphémisme.
J’ai adoré chaque page de ce roman réaliste.
Miami. Ses plages, son soleil brûlant, ses
palmiers, ses parcs d’attraction, ses filles en mini shorts, ses voitures de
sport… Mais que cache vraiment cette ville ne serait sous ses dehors de frivolité et de vanité ?
Loin des clichés et de la
soupe que l’on nous sert dans les séries américaines, Tom Wolfe nous livre les secrets de The gateway to the Americas.
Résumer Bloody
Miami en quelques lignes se révèle être un exercice difficile car il s’agit
d’un tourbillon de destinées qui s’entrecroisent directement ou indirectement. A commencer par celle de Nestor Camacho, jeune
policier cubain, qui, après avoir participé à l’arrestation de l’un des ses
compatriotes, se met toute sa communauté à dos. Magdalena, sa petite amie, rêve
d’ascension sociale et se brûle les ailes entre un psy sans vergogne et un
collectionneur Russe, trafiquant d’œuvres d’art. Un professeur
haïtien fait tout pour que l’on prenne ses enfants pour des Anglos
(entendez les blancs anglo-saxons). D'autres, bouffés par l'ambition, comme ce patron de presse du Miami Herald ou ce jeune journaliste aux dents longues, ne s'encombrent d'aucune morale. Et puis il y a cette flopée de paumés qui se cherchent, comme ce jeune chef de bande qui sème la terreur dans son lycée.
A quatre vingt deux ans, Tom Wolfe saisit mieux que
personne la fragilité et les contradictions de ce géant que sont les
Etats-Unis. Sous sa plume talentueuse, un
monde communautariste et sans pitié se fait jour. Les cubains représentent 70% de la population de Miami. Ils tiennent
le pouvoir, l’économie, et la société en général. Aux minorités Blacks et Anglos
de lutter pour se faire entendre !
Ancien journaliste,
l’auteur s'est livré à un véritable travail d’enquête pour nous entraîner dans les
dédales de cette société d’immigration aux multiples facettes, où les tensions
sont palpables en permanence.
Les personnages sont
dépeints à merveille, le style est moderne, l’énergie de l’écrivain présente à
chaque page. Les ponctuations et les répétions (un peu déconcertantes au début,
je dois l’avouer), donnent du rythme à l’écriture et participent à traduire
l’obsession des personnages pour l’argent, le sexe et la réussite sociale. C’est plein d'humour, souvent cynique,
surprenant, et ça donne à réfléchir.
Gardons en tête que le titre
original de ce livre est Back to blood
et l’on comprendra aisément qu’il ne s’agit pas de la description d’une Miami
sanguinolente mais plutôt, d’origines, de lignées et de transmission.
Bienvenue dans ce bouillon de cultures qui modifiera
sans doute votre perception de cette ville, loin des Experts et autres Miami Vice. Il me tarde désormais de me plonger dans les trois autres romans du grand Tom, à commencer par Le bûcher des vanités!
Et un grand merci à Maxime
pour m’avoir conseillé ce roman en début d’année. Vous pouvez retrouver sa critique ici.
Bloody Miami, de Tom
Wolfe, traduit de l’américain par Odile Demange. Paru aux éditions Robert
Laffont en mars 2013. Format broché 24,50€, format poche 9,80€, format Kindle
12,99€.
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