Sur ma lancée d'écumer l'ensemble des livres que vous, chers lecteurs, m'avez recommandé en début d'année, je me suis attaquée à celui de Pascale Gauthier, Les vieilles, dont Libellule avait fait l'éloge ici-même.
Le titre ne fait pas défaut à son
contenu. L’on y parle de la vieillesse
sous toutes ses rides: celles que l’on veut effacer, celles dont ont est fier,
celles qui sont le reflet de notre vie, ou encore celle qui n’ont rien à faire
ici parce qu’il est un peu tôt. Cela aurait pu être drôle et léger, mais ce
roman m’a déprimée et presque révoltée, sans doute par peur
que cela ne soit pas qu’une simple fiction.
Pascale Gauthier nous dresse un triste portrait de
cette vieillesse qui nous guette, que l’on redoute mais que l’on attend, parce
que si on ne la vivait pas, cela voudrait dire que quelque chose d’irrémédiable
s’est passé un peu trop tôt.
De la solitude, triste
compagne de route, aux cheveux mauves permanentés
qui ornent des têtes fripées comme des raisins secs, en passant par le
caractère acariâtre de certaines, rien ne nous est épargné. Madame Rouby,
Madame Rousse, Madame Chiffe, elles ont toutes leurs manies, leurs histoires, leurs
petits soucis, et elles attendent toutes leur tour dans l’antichambre de la mort. En tous cas c'est l'impression que j'ai eue.
Et puis ce nom de Trou m’a laissée perplexe. Au-delà du
cloisonnement générationnel que Pascale Gauthier évoque (pas un jeune dans ce
Trou), a-t-elle voulu dire que l’on finira tous dans le trou? Ou que lorsque
l’on est vieux, on ne peut que se retrouver dans un trou, abandonné de tous? Pas
très réjouissant!
Pourtant, l’écriture est agréable et il y a
quelques jolis moments. C'est peut-être ce qui a valu le prix Renaudot à l'auteur pour ce onzième roman. Même si je
ne me suis vraiment prise d’affection pour aucune de ces mamies, elles sont
parfois drôles et émouvantes. Mais l’on a qu’une envie c’est de s’enfuir.
D’ailleurs, lorsqu’une jeunette d’une soixantaine d’années rejoint Trou et
tombe amoureuse d’un nonagénaire marathonien, on a envie de lui hurler de
prendre ses jambes à son cou et de quitter cet asile qui sent la naphtaline!
Les vieux que je connais ne ressemblent en rien aux
personnages de Pascale Gauthier.
Ils sont gais, pleins de projets, coquets, branchés sur internet, amoureux, bref
ils sont en vie. D’ailleurs ils ne sont pas vieux, ils ont juste pris un peu
d’avance sur nous.
Pour retrouver la critique de Libellule et avoir un autre avis, c'est ici.
Vagabondage
Tous les jours, on se
regarde dans le miroir et malgré toute l'attention que l'on porte à notre visage, on ne se voit pas vieillir. Tom Hussey, photographe américain, a saisi
admirablement le temps qui passe avec sa série de clichés nommée Reflections. Il a mis en
scène des vieilles personnes qui retrouvent leur jeunesse à travers le reflet d’une glace. Superbe photos à
découvrir ici
Les vieilles, de Pascale
Gauthier, paru chez Joelle Losfeld en novembre 2011. 6,20€.
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