dimanche 19 octobre 2014

LES VIEILLES (Pascale Gauthier)

Sur ma lancée d'écumer l'ensemble des livres que vous, chers lecteurs, m'avez recommandé en début d'année, je me suis attaquée à celui de Pascale Gauthier, Les vieilles, dont Libellule avait fait l'éloge ici-même.

Le titre ne fait pas défaut à son contenu. L’on y parle de la vieillesse sous toutes ses rides: celles que l’on veut effacer, celles dont ont est fier, celles qui sont le reflet de notre vie, ou encore celle qui n’ont rien à faire ici parce qu’il est un peu tôt. Cela aurait pu être drôle et léger, mais ce roman m’a déprimée et presque révoltée, sans doute par peur que cela ne soit pas qu’une simple fiction.


A Trou (c’est le nom du village où se déroule l’action), les heures des vieilles n’en finissent pas de s’égrainer. Entre les rendez-vous chez le coiffeur, les tea-time, les commérages, les rendez-vous chez le coiffeur, les tea-time, les commérages, les rendez-vous chez le coiffeur, les….., vous l’aurez compris la vie est monotone, affreusement monotone. Les vieilles attendent une visite, un appel, un imprévu, et lorsqu’il se présente enfin c’est la panique et elles ferment leurs portes.

Pascale Gauthier nous dresse un triste portrait de cette vieillesse qui nous guette, que l’on redoute mais que l’on attend, parce que si on ne la vivait pas, cela voudrait dire que quelque chose d’irrémédiable s’est passé un peu trop tôt.
De la solitude, triste compagne de route, aux cheveux mauves permanentés qui ornent des têtes fripées comme des raisins secs, en passant par le caractère acariâtre de certaines, rien ne nous est épargné. Madame Rouby, Madame Rousse, Madame Chiffe, elles ont toutes leurs manies, leurs histoires, leurs petits soucis, et elles attendent toutes leur tour dans l’antichambre de la mort. En tous cas c'est l'impression que j'ai eue.
Et puis ce nom de Trou m’a laissée perplexe. Au-delà du cloisonnement générationnel que Pascale Gauthier évoque (pas un jeune dans ce Trou), a-t-elle voulu dire que l’on finira tous dans le trou? Ou que lorsque l’on est vieux, on ne peut que se retrouver dans un trou, abandonné de tous? Pas très réjouissant!

Pourtant, l’écriture est agréable et il y a quelques jolis moments. C'est peut-être ce qui a valu le prix Renaudot à l'auteur pour ce onzième roman. Même si je ne me suis vraiment prise d’affection pour aucune de ces mamies, elles sont parfois drôles et émouvantes. Mais l’on a qu’une envie c’est de s’enfuir. D’ailleurs, lorsqu’une jeunette d’une soixantaine d’années rejoint Trou et tombe amoureuse d’un nonagénaire marathonien, on a envie de lui hurler de prendre ses jambes à son cou et de quitter cet asile qui sent la naphtaline!

Les vieux que je connais ne ressemblent en rien aux personnages de Pascale Gauthier. Ils sont gais, pleins de projets, coquets, branchés sur internet, amoureux, bref ils sont en vie. D’ailleurs ils ne sont pas vieux, ils ont juste pris un peu d’avance sur nous.

Pour retrouver la critique de Libellule et avoir un autre avis, c'est ici.

Vagabondage

Tous les jours, on se regarde dans le miroir et malgré toute l'attention que l'on porte à notre visage, on ne se voit pas vieillir. Tom Hussey, photographe américain, a saisi admirablement le temps qui passe avec sa série de clichés nommée Reflections. Il a mis en scène des vieilles personnes qui retrouvent leur jeunesse à travers le reflet d’une glace. Superbe photos à découvrir ici


Les vieilles, de Pascale Gauthier, paru chez Joelle Losfeld en novembre 2011. 6,20€.




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