samedi 25 octobre 2014

GARRY WINOGRAND AU JEU DE PAUME (Paris)

Femmes sur un banc
New York World’s Fair
1964 Garry Winogrand
San Francisco Museum of Modern Art, gift of Dr. L. F. Peede, Jr.
Photo : Don Ross
Cela faisait un moment que les affiches de l’exposition Garry Winogrand (1928-1984) m’interpellaient dans les couloirs du métro. Alors quoi de mieux qu’un après-midi off pour se promener dans le Jardin des Tuileries et faire un détour par la Galerie nationale du Jeu de Paume ? Dix petites minutes d’attente, et hop, j’ai pu accéder à la première rétrospective de cet artiste depuis vingt cinq ans.

Il y a de la vie dans les photos de Winogrand, ça tourbillonne, ça vibre ! Ici, pas de lignes horizontales, pas de poses arrangées, on est loin des clichés académiques de Robert Doisneau.Tout est pris sur le vif  et c’est ce qui fait la puissance du travail de ce chasseur d'images. Son but n’est pas de transformer ce qu’il voit, d’habiller la banalité de paillettes, mais plutôt de saisir l’invisible et de montrer la fugacité de la vie. Le monde n’est pas bien rangé, c’est un cafouillis. Je ne cherche pas à le rendre lisse, disait-il.

Gary Winogrand, Central Park Zoo, New York (1967).
Collection of Randi and Bob Fisher,
Winogrand a réalisé la majorité de ses prises de vue aux Etats-Unis, de 1955 jusqu’au début des années 1980, période agitée s’il en est, entre l’assassinat de Kennedy, le scandale du Watergate ou encore la guerre du Viet Nam. Pourtant, il ne cherche pas à véhiculer des messages politiques ou sociaux. A la photographie reportage, il préfère les atmosphères, les incongruités, les originalités piochées dans le quotidien américain de ces années troubles. Ainsi, la guerre du Vietnam est évoquée par le retour des soldats attendus par leurs proches à l'aéroport. L’émancipation raciale n’est pas envisagée de manière frontale mais par la mise en lumière de couples mixtes, ou d’un homme noir perdu dans la foule, le regard vague et triste, au milieu d’une jeunesse blanche américaine qui semble indifférente voire méprisante.
Garry Winogrand, New York, 1962.

Garry Winogrand photographie des groupes de personnages dans diverses situations, la rue étant pour lui un lieu de prédilection. J’ai remarqué que quasiment systématiquement dans ses clichés, le regard de l’un d'entre eux se porte sur un événement hors champs, comme une rupture dans l’attention collective. Tous regardent dans la même direction, sauf un(e) qui semble percevoir ce que les autres ne voient pas. Est-ce cette singularité qui a attiré le photographe ?




Je ne connaissais pas Garry Winogrand et j’ai découvert grâce à un documentaire filmé en 1977 et présenté au Jeu de Paume, un homme plein d’énergie, expansif et volubile, complètement libre et affranchi de toutes règles, à l’image de ses photos. Artiste prolifique s’il en est, ce serial photographer laisse à sa mort 250 000 photos qu’il n’a jamais développées. Une centaine d'entre elles sont à découvrir à cette exposition réalisée en collaboration avec le San Francisco Museum of Modern art. Bien sûr la question se pose de savoir s’il fallait éditer ces images qui n’ont pas reçu le label de l’artiste. Nous y avons beaucoup réfléchi, et pendant longtemps. Nous en avons discuté avec sa famille, ses amis et d'autres photographes. Mais dans le cas de Winogrand, nous avons pensé que c'était la bonne décision à prendre, raconte Erin O'Toole, conservateur au SFMOMA et également commissaire de l'exposition (source site France TVinfo).
La question reste ouverte mais l’on ne peut pas bouder son plaisir à admirer le travail de ce photographe encore bien méconnu.

A découvrir d’urgence jusqu’au 8 février 2015 !

Garry Winogrand,au Jeu de Paume. Plein tarif 10€ - Tarif réduit 7,50€


© the estate of Garry Winogrand,courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco.


3 commentaires:

  1. J'avais déjà bien envie de voir cette expo,et j'attendais ton article, ce que tu a écrit me confirme dans mon choix! j'en profite au passage pour te dire que ça fait plaisir de te retrouver aussi prolifique sur ton blog depuis quelques semaines !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Sabine, oui petit passage à vide mais c'est reparti! Hâte d'avoir ton avis sur l'expo. A bientôt :-)

      Supprimer
  2. Alors pour moi c'est un mystere ce photographe. Je comprends son intention mais alors je suis complètement passé à côté .... Je ne me suis jamais autant ennuyée dans une expo. Rien ne m'a intéressée, aucune photo ne m'a interpellée. A moins que cela ne raconte la vacuité de la société americaine des années 60 ?
    Tant pis pour moi ...
    Kate

    RépondreSupprimer

Vous souhaitez recevoir une notification de réponse à votre commentaire? Pensez à cliquer sur "s'abonner par email".